Les marchés actions occidentaux étaient peu inspirés hier. Ils ont majoritairement perdu un peu de terrain, mais sans beaucoup de conviction. Les investisseurs n'ont pas envie de vendre mais ils manquent d'arguments pour continuer à faire monter les actions. La baisse des taux de la Fed est dans les cours, ce qui signifie qu'une mauvaise surprise du côté de la banque centrale américaine, par exemple une pause dans l'assouplissement monétaire parce que l'inflation dérape, serait mal accueillie.
Et puis un peu d'attentisme ne fait pas de mal avant le véritable démarrage, la semaine prochaine, de la saison des résultats d'entreprises du 3e trimestre. Le marché a un a priori positif sur ce qui va se passer. Mais pour des raisons tangibles : les analystes ont beaucoup revu en hausse dernièrement les projections d'évolution des bénéfices, en tout cas pour les sociétés américaines. Toutefois, après l'énorme rallye haussier des six derniers mois, il vaut mieux voir pour croire. Voilà ce qui explique cette ambiance en clair-obscur, qui me donne l'occasion de parler un peu d'autre chose. Non, pas de l'or, je n'en peux plus. Mais de l'argent.
L'once d'argent a, en effet, brièvement touché la barre mythique des 50 USD hier. Je dis mythique parce que cela ne s'est produit qu'une seule fois en 1980, l'époque de Magnum, du Banana Split de Lio et du crépuscule de VGE. Et encore, c'était à cause d'une histoire spéculative emblématique de cette époque : le corner des frères Hunt, que je vais essayer de résumer sans faire exploser la taille de cette chronique.
A la fin des années 70, Nelson Bunker et William Herbert Hunt, héritiers d’un empire pétrolier texan et visiblement peu inspirés par les obligations d'Etat, décident que le métal gris est la meilleure assurance contre l'inflation, la Fed et le spectre d’un gouvernement confiscateur. Résultat : ils se jettent sur l’argent métal à coups de lingots physiques et de contrats à terme. Grâce à l'effet de levier proposé par leurs banques, ils finissent par contrôler une portion indécente de l’offre mondiale (environ un tiers du marché, hors détentions gouvernementales, selon plusieurs sources).
Entre 1973 et début 1980, le prix de l’argent passe de 1,50 à près de 50 dollars l’once. Oui, fois trente. Les Hunt, propulsés par un levier à faire pâlir un trader décérébré, créent une bulle à eux seuls. Le marché devient une caricature de lui-même : la demande industrielle s'effondre, les régulateurs sonnent l’alerte, et le COMEX, le marché new-yorkais des métaux précieux, finit par serrer la vis en imposant des limitations à l'effet de levier et des dépôts de garantie minimaux. Autrement dit, fini de jouer.
L'argent s'effondre de moitié en quelques jours avec un plongeon mémorable le 27 mars 1980, baptisé Silver Thursday. Les Hunt n’ont plus les poches assez profondes pour répondre aux appels de marge. Leurs positions sont liquidées dans l'urgence, précipitant un krach spectaculaire. Ils finissent ruinés, endettés, et condamnés pour manipulation de marché.
Voilà pour l'histoire du vendredi, en espérant ne pas avoir fait trop de raccourcis.
Pendant ce temps, l'once d'or et le pétrole ont perdu un peu de terrain avec la réduction de la prime de risque au Proche-Orient. Israël a commencé à mettre en œuvre un accord de cessez-le-feu à Gaza, après avoir conclu un accord avec le Hamas.
Légère détente aussi entre Donald Trump et le Premier ministre indien Narendra Modi, qui se sont entretenus, sans pour autant parvenir à un accord commercial, en tout cas pas encore officiellement.
Sur le marché des changes, le net rebond du dollar s'est confirmé. Les Etats-Unis ont aussi conduit une curieuse opération de soutien au peso argentin, pour voler au secours de Javier Milei. Curieuse pas pour le soutien, mais parce qu'une telle opération en faveur d'une autre économie est un événement suffisamment rare pour être souligné.
Dans le volet politique, les Démocrates et les Républicains continuent à se renvoyer la responsabilité du shutdown aux Etats-Unis. C'est le 9e jour de blocage outre-Atlantique.
La France devrait avoir une cheffe ou un chef de l'exécutif dans les heures qui viennent. On ne sait pas encore qui. Sur Polymarket ce matin, Bernard Cazeneuve est crédité de 31,1% de chance, Jean-Louis Borloo de 15,4%, Roland Lescure de 11% et Pierre Moscovici de 8,6%. Dans un manque de diversité flagrant, on ne signale en revanche aucun pari sur Francis Lalanne, Kim Jong-Un ou une chaise.
Sur les marchés d'Asie Pacifique, le Japon finit la semaine en net repli (-1,1%), imité par la Chine (-1,4%) et Hong Kong (-1,1%). L'Australie recule de façon plus modérée (-0,1%), tandis que l'Inde et Taiwan progressent de 0,3% et 1% respectivement en séance. La Corée du Sud, après une série de jours fériés, bondit de plus de 2% grâce à l'apport de son secteur technologique. L'Europe est attendue en baisse à l'ouverture.
Les temps forts économiques du jour
L'indice de confiance de l'Université du Michigan sera publié à 16h00 aux Etats-Unis. Tout l'agenda ici.
Les cotations sont celles du jour autour de 7h00, les liens permettent d'avoir le temps réel :
- Euro : 1,1572 USD
- Once d'or : 3965 USD
- Brent : 64,88 USD
- Spread Bund / OAT : 82 points (-1,9%)
- VIX : 16,43 (+0,35%)
- 10 ans US : 4,131%
- Bitcoin : 119 990 USD
Les principaux changements de recommandations
- ABB : Deutsche Bank maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 47 à 49 CHF.
- Alstom : Morgan Stanley reste à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 19 à 20 EUR.
- Amundi : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 81 à 83 EUR.
- ArcelorMittal : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre avec un objectif de cours relevé de 29 à 30 EUR.
- Aryzta : Bank Vontobel maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 105 à 75 CHF.
- Aviva : Keefe Bruyette & Woods passe de performance de marché à sous-performance avec un objectif de cours de 650 GBX.
- BNP Paribas : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 97 à 94 EUR. RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 95 EUR à 96 EUR.
- Compagnie Financière Richemont : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 175 à 170 CHF.
- Crédit Agricole : Goldman Sachs maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 16,80 à 17,10 EUR.
- Danone : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 70 à 74 EUR.
- Emeis : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 15 à 17,50 EUR.
- Eurazeo : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 81 à 82 EUR.
- Euronext : Goldman Sachs maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 119 à 123 EUR.
- Ferrari : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 554 à 475 USD.
- Holcim : Bank Vontobel maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 73 à 78 CHF.
- HSBC Holdings : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 960 à 1120 GBX.
- Legrand : Deutsche Bank reste à acheter avec un objectif de cours relevé de 150 à 155 EUR.
- Norsk Hydro : Barclays passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 73 NOK à 70 NOK.
- Partners Group Holding : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre et relève l'objectif de cours de 1170 à 1190 CHF.
- Safran : Oxcap Analytics démarre le suivi à surpondérer avec un objectif de cours de 350 EUR.
- Schneider Electric : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 250 à 260 EUR.
- Seb : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 116 à 90,30 EUR.
- Tikehau Capital : Goldman Sachs reste à neutre avec un objectif de cours relevé de 20,70 à 21,50 EUR.
- TotalEnergies : DBS Bank reprend la couverture avec une recommandation de conserver et un objectif de cours de 54 EUR.
- Yara International : SB1 Markets passe d'acheter à neutre avec un objectif de cours relevé de 380 à 400 NOK.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Le chancelier allemand pousse Bruxelles à revoir sa politique sur la fin de la voiture thermique.
- Airbus confiant dans une forte hausse des services aéronautiques avec la croissance des flottes.
- GTT enregistre une commande du chantier naval Hanwha Ocean.
- Voltalia démarre la production à Clifton au Royaume-Uni.
- MyHotelMatch obtient un accord pour la restructuration de sa dette.
- Les principales publications du jour : Wallix, Amoeba, Valbiotis, Spineguard, Odyssée Technologies… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D'Europe
- S&P relève la note d'Unicredit à "A-" avec perspective stable.
- Le procès en diffamation de Drake contre Universal Music Group à propos de "Not Like Us" de Kendrick Lamar est rejeté.
- AstraZeneca porte à 4,5 milliards de dollars l'investissement dans son usine de fabrication en Virginie (USA).
- Le directeur général intérimaire de Coloplast, Lars Rasmussen, quittera ses fonctions lors de l’assemblée générale du 4 décembre, mais restera en poste jusqu’à la nomination de son successeur qui reste à trouver.
- Le président de Demant, Niels Christiansen, ne se représentera pas au conseil d’administration lors de l’assemblée générale de mars 2026, et le groupe a lancé la recherche de son successeur.
- Les Etats-Unis autorisent Shell et Trinidad à exploiter un gisement de gaz vénézuélien.
- Italgas commence à céder les actifs gaziers de 2i Rete aux soumissionnaires retenus.
- ISS remporte un contrat de services intégrés en Turquie.
- Idorsia annonce une augmentation de capital et confirme ses objectifs 2025.
- KMC Properties reçoit une offre de rachat de Bekken Invest.
- Le groupe Bellevue vend son unité Adbodmer à ses dirigeants.
- Leclanché décroche un contrat dans le domaine des batteries.
- Les principales publications du jour : Porsche AG, Hays, Tryg…
D'Amérique du Nord
- La Chine prend des mesures douanières musclées à l'encontre des puces d'IA de Nvidia, selon le FT.
- L'ancien Premier ministre britannique Rishi Sunak prend des postes de conseiller chez Microsoft et Anthropic, selon le FT.
- Apple devrait élargir le rôle de certains de ses cadres supérieurs en réponse au départ imminent de Jeff Williams, son directeur des opérations, selon Bloomberg.
- Ford Motor renonce à un programme qui aurait permis aux concessionnaires d'offrir un crédit d'impôt de 7 500 USD sur les locations de véhicules électriques après l'expiration de la subvention fédérale. General Motors avait fait la même chose la veille.
- Instagram (Meta) explore la possibilité d'une application TV dédiée à la vidéo, selon Bloomberg.
- Salesforce finalise le rachat d'Apromore.
- Brookfield Wealth Solutions annonce la réalisation d'un split d'actions à raison de trois pour deux.
- CenterPoint Energy annonce que son CEO Jason P. Wells a été nommé président du conseil d'administration.
- Evommune dépose une demande d'introduction en bourse.
- Les principales publications du jour : néant…
D'Asie
- Seven & I souffre après la révision en baisse de ses perspectives annuelles.
- Samsung Electronics grimpe de 5% pour la reprise des actions en Corée du Sud après les séances fériées, rattrapant son retard sur le secteur.
- Les principales publications du jour : Zhaojin Mining Industry…
Le reste de l'agenda mondial des publications ici.
Lectures
- Le rallye de l'or peut-il continuer ? (UBS).
- Cette banque centrale dit ce que la Réserve fédérale ne dit pas (Axios, en anglais).
- L'Ave Maria d'Intel pour reconquérir sa position dominante sur le marché des puces (Wired, en anglais).
- L'énigme de l'idiot savant (Aeon, en anglais).
- Donald Trump va-t-il se voir décerner le prix Nobel de la paix ? (Le Grande Continent).


















