Selon la BCE, le taux de croissance annuel de l'agrégat monétaire large M3 est tombé à 1,4 % en mai 2023, contre 1,9 % en avril, avec une moyenne de 1,9 % au cours des trois mois précédant mai. Dans le même temps, le taux de croissance annuel de l'agrégat plus étroit M1, qui comprend la monnaie en circulation et les dépôts à vue, a baissé de 6,4 % en mai, contre -5,2 % en avril. En tenant compte de l'inflation, M1 réel - habituellement un indicateur avancé du PIB - a diminué de 12,5 % en glissement annuel, ce qui laisse présager de sombres perspectives pour les mois à venir.

Dans le même temps, les données ont également révélé que le taux de croissance annuel des prêts ajustés au secteur privé (c'est-à-dire ajustés pour les ventes de prêts, la titrisation et la mise en commun des liquidités théoriques) a diminué à 2,8 % en mai, contre 3,3 % en avril. Parmi les secteurs emprunteurs, le taux de croissance annuel des prêts ajustés aux ménages est revenu à 2,1 % en mai, contre 2,5 % en avril, tandis que le taux de croissance annuel des prêts ajustés aux sociétés non financières a reculé à 4,0 % en mai, contre 4,6 % en avril.

Si l'on considère les chiffres les plus récents (moyenne mobile annualisée sur 6 mois), la tendance est inquiétante, le crédit au secteur privé étant sur le point de se contracter. Sans surprise, les prêts immobiliers (ménages) sont déjà en baisse, ce qui explique en partie la chute des prix de l'immobilier dans plusieurs pays, dont l'Allemagne.



Par ailleurs, plusieurs banques risquent de réduire encore leurs prêts dans les mois à venir, car les sorties de dépôts ont persisté en mai.


Le principal problème est que l'évolution monétaire dans la zone euro ne devrait pas s'améliorer à court terme, la BCE étant sur le point de relever ses taux et de resserrer encore son bilan. À ce stade, les traders s'attendent à ce que la BCE relève ses taux en juillet et en septembre (probabilité de 65%). Par ailleurs, les banques ont remboursé un montant important de TLTRO mercredi, tandis que, selon Bloomberg, "certains responsables de la Banque centrale européenne réfléchissent à des options pour accélérer la réduction des 5 000 milliards d'euros (5 500 milliards de dollars) d'obligations détenues par l'institution".

*Le fond de l'affaire : Les derniers développements monétaires dans la zone euro laissent déjà entrevoir de sombres perspectives pour les mois à venir, en particulier pour le secteur du logement. Il est peu probable que les conditions s'améliorent rapidement dans un contexte où la BCE est susceptible de resserrer davantage sa politique monétaire. Par conséquent, l'économie de la zone euro risque d'être confrontée à une récession plus longue que prévu. Cela signifie également que le consensus des économistes semble optimiste en ce qui concerne les prévisions du PIB de la zone euro pour 2023 (+0,6 %) et 2024 (+1,0 %).