Les préparatifs de Trump II sont toujours douloureux pour les autres places boursières mondiales. Les actions américaines, mesurées par l'indice S&P 500, ont gagné 4% depuis la victoire électorale de l'ancien président au début du mois. Les petites valeurs américaines, mesurées par l'indice Russell 2000, en sont même à +7,9%. Pendant ce temps, l'indice large européen Stoxx Europe 600 a cédé 0,7%. Les actions des pays émergents, sur la base de l'indice MSCI Emerging Markets, en sont à -4,6%. La Chine, perçue comme l'ennemie numéro 1 des Etats-Unis, accuse pour sa part une chute de 9,6%.
Cette situation ne prend personne par surprise. Les paris les plus embouteillés des dernières semaines consistaient à jouer la bourse américaine contre le reste du monde et le Russell 2000 comme guest-star indicielle. Hier, l'écart de performance depuis le 1er janvier entre le S&P 500 américain et le Stoxx Europe 600 a atteint 20,63%. Il me semble que c'est le record de l’année. Le premier gagne 26,24% quand le second est à +5,61%. "Mais au moins, il monte. C'est pas comme l'autre salopiaud de caqueuquarante", comme dirait mon voisin Emile. L'indice français affiche 4,6% de baisse en 2024. Même sa version dividendes réinvestis est passée dans le rouge (-0,9% pour le CAC40 Dividendes Réinvestis en 2024).
La méforme de l'indice français n'est même pas directement due à l'ordre mélien que Donald Trump cherche à imposer, en tout cas pas directement. Le problème vient avant tout de Chine et de la fin de l'âge d'or de la consommation dans le pays. "La Chine était autrefois le mot magique pour justifier les excès de valorisation des actions européennes", souligne AlphaValue dans un joli petit papier paru hier. Le stratagème a fonctionné jusqu'à ce que les menaces de surtaxes douanières réciproques soient devenues trop intenses, fin 2023. Et là, le luxe et les spiritueux (regardez le parcours de Pernod Ricard cette année) se sont écroulés. On parle de valeurs qui représentaient le quart de la capitalisation du CAC40, ce qui explique la double peine subie par l'indice parisien. Mais l'enseignement le plus remarquable est sans doute que le PER moyen des valeurs concernées a progressé entre 2022 et 2024 malgré la chute des actions. Tout simplement parce que les bénéfices ont baissé. Pas tous les bénéfices (LVMH, par exemple, y échappe), mais une majorité des bénéfices. "Les hauts et les bas de la Chine ont transformé le luxe et les spiritueux européens en valeurs cycliques ordinaires", résume AlphaValue.
La situation économique européenne en général et française en particulier n'arrange rien à l'affaire. L'écart de taux entre la dette de la France et la dette de l'Allemagne, pourtant pas le pays le plus fringant du continent en ce moment, est au plus haut depuis 2012. Cet écart, qu'on appelle le spread, marque la différence de qualité, donc de risque, entre deux emprunteurs. Sur 10 ans, Berlin emprunte à 2,18%. Paris à 3,05%. Le spread atteint 0,87% et reflète les craintes sur la stabilité politique hexagonale ainsi que les multiples dérapages budgétaires du gouvernement précédent. La France emprunte désormais nettement plus cher que l'Espagne (2,94%) ou le Portugal (2,69%) et se rapproche de la Grèce (3,07%). Une situation résumée par Bruno Cavalier, le chef économiste d'Oddo BHF, en ces termes il y a quelques jours : "La France est désormais dans la pire situation budgétaire de tous les pays de la zone euro. Non seulement la dette publique est élevée, mais plus grave pour sa soutenabilité à long terme, les dépenses primaires (hors charges d’intérêt) ne sont pas couvertes par les recettes fiscales. Cela fait 23 ans que cela dure. Aucun autre pays ne peut se prévaloir d’une telle complaisance des marchés".
Hors inquiétudes sur la situation de la France, l'actualité du jour est dominée par le cessez-le-feu en vigueur depuis cette nuit entre le Hezbollah et Israël au Liban. Par ailleurs, les minutes de la dernière réunion de la Fed n'ont pas apporté d'éléments que le marché ne connaissait déjà. La probabilité d'une baisse de taux le mois prochain s'est renforcée autour de 60%, mais ce pourcentage a de bonnes chances de bouger à la faveur de la grosse série de statistiques attendue cet après-midi aux Etats-Unis, en particulier l'inflation PCE d'octobre, que la banque centrale américaine suit de près pour sa politique monétaire. Cette concentration de données sur le mercredi est due au jour férié de Thanksgiving, demain. Vendredi, place au Black Friday, le vrai, qui donne lieu à une demi-séance américaine (clôture à 13h00). Autant dire que Wall Street sera quasiment en weekend dès ce soir. Il me faut ajouter, à défaut de savoir où ranger tout ça, que le ministre chinois de la défense fait l'objet d'une enquête pour corruption (selon le FT), que la banque centrale néozélandaise a réduit ses taux d'un demi-point, comme cela était attendu et que des rumeurs laissent penser que l'OPEP va peut-être décaler à nouveau l'augmentation de sa production le temps de voir si les cours pétroliers se stabilisent.
En Asie Pacifique, il y en a pour tous les goûts ce matin. D'une hausse de 1% pour le CSI300 en Chine continentale à une baisse de 1,5% pour le TAIEX à Taiwan. Le plus gros marché de la région, le Japon, recule de 0,9%. La Corée du Sud perd 0,7%. L'Inde et l'Australie évoluent dans le vert. Les indicateurs avancés européens sont mitigés.
A l'ouverture, le CAC40 perd 0,8% à 7136 points. Le SMI grappille 0,08% à 11 462 points et le Bel20 prend 0,5% à 4208 points.
Les temps forts économiques du jour
Aux Etats-Unis, les rendez-vous de 14h30 comprennent les stocks des grossistes, une nouvelle estimation du PIB du T3 et les inscriptions hebdomadaires au chômage. A 16h00, place aux revenus et dépenses des ménages et à l'inflation PCE d'octobre. Tout l'agenda ici.
Les principaux changements de recommandations
- Alpha Services : Roemer Capital améliore sa recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 1,72 EUR à 1,84 EUR.
- Arkema : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 123 à 118 EUR.
- Aviva Plc : Keefe Bruyette & Woods passe de performance de marché à surperformance avec un objectif de cours relevé de 495 GBX à 545 GBX.
- Axa : Keefe Bruyette & Woods maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 35 à 37 EUR.
- Bank Of Cyprus : Roemer Capital démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 5,43 EUR.
- BNP Paribas : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 79 à 78 EUR.
- Danone : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 70 à 80 EUR.
- EDP - Energias De Portugal : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 4,70 EUR à 3,70 EUR.
- EDP Renováveis : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours réduit de 15.50 à 13 EUR.
- Equinor : Berenberg améliore sa recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 290 NOK à 325 NOK.
- Generali : Keefe Bruyette & Woods dégrade de performance de marché à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 24 EUR à 25,50 EUR.
- Henkel : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 82 à 100 EUR.
- Holmen : Morgan Stanley démarre le suivi à souspondérer avec un objectif de cours de 390 SEK.
- L'Oréal : JP Morgan maintient sa recommandation de souspondérer et réduit l'objectif de cours de 325 à 290 EUR. BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de sousperformance avec un objectif de cours réduit de 350 à 325 EUR.
- Logitech International : Zacks maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 81 à 86 USD.
- Lonza : Redburn Atlantic démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 650 CHF.
- National Bank Of Greece : Roemer Capital améliore son conseil de vendre à acheter avec un objectif de cours relevé de 8,02 EUR à 8,60 EUR.
- Nestlé : Morgan Stanley déclasse de souspondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 80 CHF à 76 CHF.
- NKT A/S : Oddo BHF démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 529,70 DKK.
- Nokian Renkaat : JP Morgan passe de neutre à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 6,60 EUR à 6 EUR.
- Opmobility : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 14 à 12 EUR.
- Pernod Ricard : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 140 à 120 EUR.
- Rémy Cointreau : JP Morgan maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours réduit de 60 à 50 EUR.
- Solvay : Barclays maintient sa recommandation de souspondérer et relève l'objectif de cours de 28 à 30 EUR.
- Svenska Cellulosa : Morgan Stanley démarre le suivi avec une recommandation de pondération de marché et un objectif de cours de 145 SEK.
- Syensqo : Barclays améliore sa recommandation de souspondérer à pondération de marché avec un objectif de cours de 86 EUR.
- Thales : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 160 à 163 EUR.
- TotalEnergies : BNP Paribas Exane passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 64 EUR à 61 EUR.
- Trigano : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 172 à 166 EUR.
- Vinci : Landesbank Baden-Wuerttemberg maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 130 à 128 EUR.
- Zurich Insurance : Keefe Bruyette & Woods maintient sa recommandation de sousperformance avec un objectif de cours relevé de 410 à 430 CHF.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l'ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Carrefour forcé de passer sous les fourches caudines au Brésil après avoir clamé en France que l'enseigne ne vendrait pas de viande issue du Mercosur.
- Stellantis a confirmé mardi qu'aucune fermeture d'usine n'était prévue à court terme en France, après l'annonce de la fermeture du site britannique de Luton et d'une estimation de baisse de production de 20% cette année dans l'hexagone.
- ArcelorMittal parvient à faire placer une filiale Liberty Steel sous administration judiciaire en raison de dettes impayées.
- Teleperformance acquiert l'américain ZP Better Together pour 490 M$.
- Aramis espère un Ebitda ajusté de plus de 65 M€ en 2025 (consensus 66,8 M€, 4 analystes).
- Air Europa discuterait d'une cession de 20% de son capital à Air France-KLM, selon El Economista.
- L'UE valide le rachat d'Unieuro par Fnac Darty.
- L'action Atos a été multipliée par 3,6 en deux séances, après le projet de rachat d'un actif par l'Etat français.
- Neoen réduit son objectif d'EBITDA ajusté 2024.
- Valneva demande à la FDA une extension d'indication pour son vaccins anti chikungunya.
- Hexaom et Trecobat reprennent des actifs d'AST Groupe.
- Lumibird confirme l'étude de la vente de division médicale.
- Le CERN signe avec Voltalia pour son approvisionnement en énergie renouvelable.
- Icape prend une participation minoritaire dans Jiva Materials.
- Latécoère a nommé une nouvelle présidente pour diriger sa branche Amériques.
- Drone Volt vise un Ebitda positif en 2025.
- Les principales publications du jour : Quadient, Precia… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D'Europe
- Roche rachète Poseida Therapeutics pour 1,5 milliard de dollars.
- BBVA déclare que l'UE a terminé l'examen des subventions dans le cadre de l'offre publique d'achat de Banco de Sabadell sans soulever d'objections.
- CVC chercherait à céder Recordati à un autre laboratoire italien.
- Avolta obtient une concession sur 18 ans à l'aéroport JFK de New York.
- Aston Martin voit son Ebitda annuel entre 270 et 280 MGBP (consensus 286,6 MGBP) et doit (encore) lever des fonds.
- La Commission européenne approuve un médicament de Novartis contre le cancer du sein à un stade précoce.
- Johnson Matthey affiche un bénéfice en hausse pour le premier semestre de l'exercice, mais un chiffre d'affaires en baisse.
- Drake a intenté une action en justice contre Universal Music Group, qu'il accuse d'avoir artificiellement gonflé les chiffres de streaming de son concurrent Kendrick Lamar.
- EasyJet annonce un bénéfice annuel plus faible que prévu.
- Pets at Home s'attend à ce que la faiblesse de la demande persiste au second semestre.
- Pennon en perte en raison de la faible performance de South West Water.
- Galp abandonne son projet de raffinerie de lithium Aurora au Portugal.
- Idorsia est en pourparlers pour un accord de droits mondiaux de 35 millions de dollars pour l'aprocitentan.
- Le bénéfice net du T3 de CD Projekt chute, mais moins que prévu.
- Les principales publications du jour : Rockwool, EasyJet, Johnson Matthey, Elekta…
D'Amérique du Nord
- Apparemment, il faut se méfier des sociétés qui publient le 26 novembre : Dell plonge de 11% hors séance après ses trimestriels. Workday plonge de 10% hors séance après ses trimestriels. Autodesk plonge de 8% hors séance après ses trimestriels. HP Inc plonge de 7,5% hors séance après ses trimestriels. CrowdStrike plonge de 6% hors séance après ses trimestriels.
- Apple envisage des partenariats avec des entreprises chinoises comme Baidu, ByteDance et Moonshot pour surmonter les difficultés réglementaires liées au lancement de ses modèles d'IA en Chine.
- Threads (Meta Platforms) serait le principal bénéficiaire de l'exode récent des anciens utilisateurs de X.
- GE Aerospace paie 362,5 millions de dollars pour régler un recours collectif concernant la communication sur la division Power.
- Walt Disney paie 43,3 millions de dollars pour mettre fin à une action en justice concernant la rémunération des femmes.
- Les principales publications du jour : néant …
D'Asie Pacifique et d'ailleurs
- Hyundai Motor va racheter pour 716 millions de dollars d'actions.
- Les principales publications du jour : néant…
Le reste de l'agenda mondial des publications ici.
Lectures
- Les Quant Olympics visent à trouver la prochaine génération de stars de la finance (Bloomberg, en anglais).
- Sommes-nous en train de construire accidentellement un cerveau planétaire ? (Noéma, en anglais).
- Generali et Natixis AM, alliance de faibles ? (FT Lex, en anglais).
- La façon dont nous mesurons les progrès de l'IA est nulle (MIT Technology Review, en anglais).
- La décision d'avoir un enfant est-elle rationnelle ? (The Atlantic, en anglais).
- Jean-Marc Morandini, le pestiféré devenu soldat zélé de Vincent Bolloré (Mediapart).
- Vivre sous 50°C à Paris (L'ADN).