La dissolution anticipée de l'Assemblée nationale en France a un fort impact sur plusieurs secteurs. Le CAC40 dans son ensemble à démarré la séance en baisse de plus de 2%.

Les deux secteurs les plus touchés sont le secteur financier (-3,9%) et le secteur des services collectifs (-2,3%). Le secteur financier est très sensible à la stabilité politique, qui a des conséquences directes sur la confiance des investisseurs et des consommateurs. L'incertitude accroît la prime de risque immédiatement. Le secteur des services collectifs est pour sa part concerné via l'évolution du coût de la dette en cas de dégradation de la signature française, mais aussi parce que les politiques publiques ont un fort impact sur les gestionnaires d'utilités.

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Voici la représentation graphique des évolutions sectorielles du CAC40 ce matin autour de 9h30 (Source Zonebourse, détails ici)

Voici quelques illustrations des sociétés qui sont concernées par les conséquences du scrutin européen sur le marché français :

  • Voltalia (-6,3%), Engie (-4%) : les acteurs du secteur des énergies renouvelables sont attaqués parce que les programmes des partis d'extrême-droite prévoient généralement de cesser leur soutien à l'éolien et au solaire.
  • Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole… (-3% et davantage) : le secteur bancaire est donc frappé en premier lieu en cas de dégradation de la stabilité politique.
  • Eiffage, Vinci, Aéroports de Paris (-4%) : les concessionnaires, notamment autoroutiers, pourraient se retrouver affaiblis par des politiques moins libérales vis-à-vis des infrastructures.
  • Nexity (-4%), Casino (-4%), Orpea (-4%), Icade (-3%) : les acteurs dont la dette est élevée sont aussi dans le collimateur. "Nous supposons que le premier impact sera l'augmentation de la marge requise pour arborer un drapeau français. Cela nuira aux entreprises dont le bilan est tendu et à celles qui sont tournées vers l'extérieur", résumait ce matin Pierre-Yves Gauthier, chez AlphaValue.

Et côté macro ?

"Le risque politique est d’ordinaire très bas en France car le Président a de larges pouvoirs et le vote majoritaire à deux tours assure en général des majorités stables. Les derniers événements créent de l’incertitude à un moment où les derniers résultats, économiques comme budgétaires, sont assez médiocres", résume le chef économiste d'Oddo BHF, Bruno Cavalier, qui note toutefois que le risque de "Frexit", qui a existé par le passé, est désormais moindre depuis que le RN a renoncé à cette idée.

La première manifestation de cet aléa politique sera visible sur l'écart (spread) entre le coût de la dette allemand (Bund) et française (OAT). Bruno Cavalier, encore : "depuis deux ans, le spread souverain français vis-à-vis de l’Allemagne a été stable au voisinage de 50 pdb. Les downgrades par Fitch en 2023 et S&P le mois dernier n’ont pas eu d’impact sur ce spread. Il ne faut pas tenir cette stabilité pour acquise à jamais". Ce matin, le rendement 10 ans du Bund est à 2,64% (+2 points) et celui de l'OAT à 3,17% (+9 points), soit 53 pdb d'écart.