"Nous poursuivrons les réformes et l'ouverture. Je suis persuadé que le taux de change du renminbi (yuan) sera plus équilibré et souple et fondamentalement stable", a dit Yi Gang, vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, en marge de la session annuelle de l'Assemblée populaire nationale, nom du parlement chinois.

Yi Gang est par ailleurs président de l'Administration chinoise des changes (SAFE), l'autorité de tutelle du marché des changes.

La Chine veut faire du yuan une monnaie convertible, ou en tout cas moins encadrée, susceptible de devenir un intermédiaire majeur des échanges internationaux, voire de concurrencer un jour le dollar comme monnaie de réserve.

Selon des sources au fait des intentions de la banque centrale, la Chine veut s'appuyer sur les avoirs en yuan à l'étranger, qui tournent autour des 1.000 milliards de yuans (160 milliards de dollars) et ne cessent de croître, pour justifier un changement radical de méthode en vue d'assouplir le contrôle des changes.

Zhang Ping, président de la commission nationale du développement et de la réforme, principal organe de planification économique de la Chine, a dit de son côté que le projet d'une zone pilote de change progressait doucement.

Sur les 22 mesures nécessaires au fonctionnement de la zone économique spéciale de Qianhai, proche de Hong Kong, seules six doivent encore être proprement définies, ce qui devrait être chose faite au premier semestre, a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.

Cette zone de test de convertibilité du yuan a été créée en juin dernier et le gouvernement a édicté en décembre des règles à l'adresse des entreprises qui s'enregistreront dans cette zone et voudront emprunter des yuans à des banques de Hong Kong.

PHÉNOMÈNE ÉPHÉMÈRE

Yi Gang a par ailleurs observé que le yuan était proche de son niveau d'équilibre et a réaffirmé les déclarations de la banque centrale suivant lesquelles celle-ci n'intervient plus aussi souvent sur le marché des changes, des propos que les cambistes prennent avec des pincettes.

Les données publiées cette semaine montrent cependant que la demande de yuan risque d'augmenter à nouveau dans la mesure où la Chine se remet du coup de frein économique de l'an passé, le plus marqué en 13 ans.

Le yuan a atteint un pic de sept semaines mercredi, au lendemain de statistiques publiées par la banque centrale montrant que cette dernière et les banques chinoises avaient acheté un montant sans précédent de 683,7 milliards de yuans (110 milliards de dollars) de devises en janvier.

Ces achats peuvent alimenter l'inflation à moins que la Banque populaire de Chine n'absorbe l'excédent de yuans par une opération de stérilisation, un procédé qu'elle emploiera sans doute, selon Gang Yi.

Pour Ting Lu, économiste de Bank of America-Merrill Lynch, ces achats sans précédent de devises témoignent d'une demande accrue pour les yuans qui atteste elle-même d'un regain de confiance envers la deuxième économie mondiale.

Mais selon lui, ce phénomène ne durera pas parce que la banque centrale a bien fait savoir que les possibilités d'une nouvelle hausse du yuan contre le dollar étaient limitées.

Avec Kevin Yao, Steven Bian, Lucy Hornby et Cao Weihao, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

par Koh Gui Qing