Dix-neuf des 45 membres de cette instance dirigeante ont apporté leur appui au patron d'Omea Telecom et 18 au président de Radiall, qui faisait jusqu'ici figure de grand favori.

Le président de la Fédération nationale des travaux publics et négociateur du Medef Patrick Bernasconi n'a pour sa part rallié le soutien que de six membres. Le président de Créateurs de richesses et emplois en France, Hervé Lambel, n'en a aucun. Il y a eu un vote blanc et un nul.

Passé par les commandos de marines entre 1984 et 1986 après son diplôme de la prestigieuse école de commerce Essec, Geoffroy Roux de Bézieux vient de fêter son 51e anniversaire.

Il a refusé de faire le moindre commentaire à l'issue du vote du conseil exécutif, qui renforce ses chances de succéder le 3 juillet à Laurence Parisot lors de l'élection du nouveau président de l'organisation en assemblée générale.

Issu de la toute puissante Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), qui en avait fait son favori, Pierre Gattaz, 54 ans, a pour sa part refusé de s'avouer battu.

"C'est un vote consultatif. Le vrai vote aura lieu dans un mois", a dit à des journalistes ce fils d'un ancien président du patronat français, Yvon Gattaz. "Je voudrais continuer de promouvoir un Medef de rassemblement et d'unité défendant l'économie et l'entreprise. La campagne continue."

Il semblait jusqu'ici faire la course en tête après de nombreux ralliements sur son nom, dont ceux d'autres candidats - Claude Volot, Frédéric Saint-Geours, Thibault Lanxade - et de grandes fédérations comme celles des banques et des assurances.

Pierre Gattaz incarne une partie du patronat français tentée par une approche plus radicale du dialogue social et des relations avec un pouvoir de gauche.

DEUX OPTIONS

Il est ainsi soutenu par l'ex-numéro deux du Medef Denis Kessler, qui a beaucoup critiqué deux accords signés par le patronat avec les syndicats cette année - celui du 11 janvier sur le marché du travail et le compromis sur le renflouement des caisses de retraites complémentaires.

Lors d'un récent entretien avec Reuters, Geoffroy Roux de Bézieux s'est pour sa part montré critique à l'égard du gouvernement de gauche de François Hollande et Jean-Marc Ayrault mais désireux d'un dialogue social constructif.

"Pour réformer ce pays et donner de l'espoir et de l'air aux entreprises, il faut essayer de passer un compromis avec les syndicats", estimait-il alors. "A ce titre, l'accord du 11 janvier peut être un premier pas malgré ses défauts."

Il bénéficie notamment du soutien de la fédération Syntec, qui représente 1.250 sociétés de l'ingénierie, des services informatiques, du conseil et de la formation professionnelle, et de celui du Groupement des professions de services (GPS).

L'assemblée générale du Medef a la réputation d'être légitimiste et de suivre les avis du conseil exécutif. Mais dans le cas de figure actuel, les jeux semblent loin d'être faits.

"Il y a deux options, deux personnalités", explique un membre du conseil, pour qui la nature différente de cette instance et de l'assemblée générale peut réserver des surprises.

"Au conseil exécutif, chaque fédération a une voix alors qu'à l'assemblée générale les fédérations ont un nombre de voix proportionnel à leur poids dans l'économie nationale", ajoute ce patron sous couvert de l'anonymat.

Si Patrick Bernasconi paraît écarté de la course, les six voix obtenues lundi lui permettent de jouer les arbitres.

Tout en parlant de rapport de force avec le gouvernement, il ne cachait pas ces temps-ci son agacement face à la stratégie de Pierre Gattaz et disait craindre la radicalisation d'un discours patronal qui ferait le jeu des syndicats contestataires.

"Je vais maintenant analyser ce résultat et je verrai la suite à donner", a-t-il confié après le vote du conseil.

Edité par Yves Clarisse

par Emmanuel Jarry