(Actualisé avec bilan et nouveaux attentats)

par Kareem Raheem

BAGDAD, 26 avril (Reuters) - Une vague d'attentats a fait au moins 20 morts vendredi à Bagdad après plusieurs jours de violences interconfessionnelles en Irak, qui se trouve "à la croisée des chemins", selon l'Onu.

Plus de 160 personnes sont mortes en Irak depuis un assaut mardi des forces de sécurité, aux ordres du gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al Maliki, contre un campement de manifestants sunnites près de Kirkouk. Les violences se sont rapidement propagées dans les secteurs sunnites des provinces de l'ouest et du nord du pays.

Les sunnites irakiens, minoritaires, manifestent depuis décembre. Ils s'estiment marginalisés depuis le renversement de Saddam Hussein après l'intervention américaine de 2003 et l'arrivée des chiites au pouvoir par les urnes.

Les violences de la semaine écoulée sont sans commune mesure avec celles des années 2006 et 2007. Elles sont toutefois les plus importantes depuis le départ des forces combattantes américaines en décembre 2011.

A Bagdad et dans sa périphérie, huit personnes, dont un militaire, ont péri vendredi dans une série d'attentats commis aux abords de mosquées essentiellement sunnites.

Plus tard dans la journée, une voiture piégée a fait sept morts dans un quartier commerçant du sud de la capitale irakienne. Une bombe attachée à une moto a aussi explosé près d'un stand de nourriture à emporter dans le fief chiite de Sadr City, tuant cinq personnes.

VASTES MANIFESTATIONS SUNNITES

Ces diverses attaques n'ont pas été revendiquées. Des organisations sunnites, notamment la branche locale d'Al Qaïda, sont actives en Irak.

"J'en appelle à la conscience de tous les responsables religieux et politiques afin qu'ils ne laissent pas la colère l'emporter sur la paix et qu'ils usent de leur sagesse, car le pays est à la croisée des chemins", a réagi l'émissaire des Nations unies en Irak, Martin Kobler, dans un communiqué.

Dans la province d'Anbar, dans l'ouest de l'Irak, des dizaines de milliers de sunnites ont participé à une démonstration de force en manifestant dans les rues de Ramadi et de Falloudja après les prières hebdomadaires.

A Ramadi, le prédicateur vêtu d'un treillis militaire et d'un turban de religieux a donné 24 heures aux forces de sécurité pour quitter la ville. Il a prévenu qu'il ne serait pas responsable de la suite des événements.

Dans la localité de Souleiman Pek, à 160 km au nord de Bagdad, les activistes qui en avaient pris le contrôle mercredi se sont retirés après avoir conclu un accord avec les forces de sécurité et le gouverneur de Salahouddine.

"Nous nous sommes retirés pour éviter que le sang de notre peuple coule car nous savons que l'armée veut commettre un nouveau massacre identique à celui qui s'est produit à Haouidja", a déclaré à Reuters le chef tribal Djamil Al Sakr, en allusion à la ville où les forces de l'ordre sont intervenues mardi.

Dans la localité voisine de Touz Khourmato, un autre dignitaire a déclaré que cinq cadavres avaient été amenés à la morgue après avoir été exécutés par les forces gouvernementales, ce qui a été démenti de source militaire. (Jean-Loup Fiévet, Danielle Rouquié et Bertrand Boucey pour le service français)