(Actualisé avec précisions, citation analyste)

par Feisal Omar et Abdi Sheikh

MOGADISCIO, 18 mars (Reuters) - Dix personnes ont péri lundi dans l'explosion d'une voiture piégée conduite par un kamikaze qui visait le chef des services de sécurité somaliens à proximité du palais présidentiel de Mogadiscio.

L'attentat, revendiqué par le groupe islamiste Al Chabaab lié à Al Qaïda, est le plus meurtrier commis cette année dans la capitale somalienne.

Un minibus et plusieurs salons de thé le long d'une artère située entre le palais présidentiel et le théâtre national ont été touchés par la déflagration qui a fait en outre sept blessés, a déclaré à Reuters Abdiqadir Mohamud, haut gradé de la police.

Sept civils et trois membres des services gouvernementaux de sécurité ont péri dans cette attaque qui visait Khalif Ahmed Ilig, patron des forces de l'ordre de la ville, qui a été blessé alors qu'il circulait en voiture près du théâtre.

Un minibus est passé entre sa voiture et celle du kamikaze juste avant l'explosion, ont rapporté des témoins. "La plupart des personnes tuées - des civils - se trouvaient dans un minibus. Ce véhicule civil se trouvait malencontreusement entre la voiture gouvernementale et la voiture piégée lorsqu'il a été touché", a ajouté Abdiqadir Mohamud.

L'explosion qui a été entendue à plusieurs kilomètres du quartier des affaires dans le centre de Mogadiscio s'est produite à une centaine de mètres du palais présidentiel.

Le président Hassan Cheikh Mohamud, élu l'an passé lors de la première élection nationale depuis la chute du dictateur Siad Barré renversé en 1991, se trouvait dans une autre partie de la capitale, a précisé la police.

"VENGEANCE"

Un porte-parole des Al Chabaab a dit que le groupe islamiste avait fomenté cet attentat en représailles à la mort de plusieurs de ses membres au cours des dernières semaines.

"C'était une revanche. Il (Ilig) a tué et arrêté des habitants de Mogadiscio", a déclaré à Reuters le porte-parole Cheikh Ali Mohamud Rage.

"Une voiture piégée conduite par un moudjahidin (combattant) visait Khalif (Ahmed Ilig), le chef de la sécurité nationale de Mogadiscio. Il a été grièvement blessé", a-t-il dit.

"Plusieurs de ses gardes du corps et d'autres membres de la sécurité sont morts et de nombreux autres ont été blessés. Il s'agissait d'une vengeance", a-t-il ajouté.

La sécurité s'est améliorée sensiblement à Mogadiscio, dans l'ensemble, depuis que les islamistes alliés à Al Qaïda en ont été chassés par une offensive de l'armée régulière en août 2011. La ville demeure toutefois la cible d'attentats à la bombe et d'assassinats imputés aux rebelles islamistes.

Dimanche, les combattants d'al Chabaab ont repris le contrôle de Hudur, capitale de la province de Bakool, près de la frontière avec l'Ethiopie.

Les troupes éthiopiennes qui avaient occupé la localité dans le cadre d'une offensive africaine contre les rebelles islamistes se sont retirées, pour une raison inconnue, de l'agglomération.

Un analyste spécialiste des questions de sécurité a déclaré que les Ethiopiens étaient probablement allés vers des zones où il leur est plus facile d'assurer la sécurité de leur frontière.

Fin septembre, les insurgés d'al Chabaab se sont retirés de la ville portuaire de Kismayo, dernier grand bastion urbain qu'ils tenaient dans le pays, laissant penser que leur force combattante était défaite. Ils s'étaient engagés alors à lancer une vague d'attentats et à mener des attaques de guérilla. (Eric Faye, Pierre Sérisier et Hélène Duvigneau pour le service français, édité par Gilles Trequesser)