Avec la brutale dégradation de l'économie intervenue cet été, les mesures d'austérité induites par la crise de la dette et la montée du chômage, l'ambiance n'était guère à la fête après le premier week-end de rabais, qui donne traditionnellement le "la" de la tendance.

"La consommation est en panne. Sur les cinq premiers jours de soldes, le chiffre d'affaires est en baisse de 2%", a déclaré à Reuters Jean-Marc Genis, président exécutif de la Fédération des enseignes de l'habillement (FEH), qui regroupe de grandes chaînes de prêt-à-porter (Zara (groupe Inditex, H&M, Etam, Celio ou Camaieu).

Très corrélé à l'environnement économique, le marché de l'habillement est touché de plein fouet par le recul de la consommation. Il devrait avoir reculé de près de 3% en 2011 selon les estimations de l'Institut français de la mode (IFM), accusant un repli pour la quatrième année consécutive.

Les incertitudes concernant l'évolution de la TVA ne font qu'accentuer, aux dires des professionnels, la frilosité des consommateurs.

En France, la part du revenu disponible alloué aux dépenses d'habillement - chaussures comprises - n'excède pas 4%.

"Le climat est très anxiogène. Le pouvoir d'achat est limité et les arbitrages ne se font pas en faveur de l'habillement. Après la première journée, le soufflé est rapidement retombé", a précisé Jean-Marc Genis.

L'optimisme n'est guère de mise non plus à la Fédération nationale de l'habillement (FNH), qui regroupe près de 45.000 boutiques indépendantes multimarques.

"La semaine n'a pas été très bonne", a observé son président Bernard Morvan. Le chiffre d'affaires s'est globalement maintenu, mais les détaillants ont dû consentir des rabais importants pour stabiliser les ventes.

BILAN CONTRASTÉ DANS LES GRANDS MAGASINS

Dans les grands magasins, les ventes ont été contrastées entre Paris et les villes de province, à l'avantage de la capitale qui profite de la forte hausse des flux touristiques, émanant en particulier des pays émergents.

"Paris a plutôt bien marché, même s'il y a eu un effet de lissage dû aux offres privées d'avant Noël", a indiqué Claude Boulle, président exécutif de l'Union du grand commerce de centre-ville (UCV), qui réunit les Galeries Lafayette, le Printemps et le Bon Marché (groupe LVMH).

Dans les villes de province, passé le premier jour, la tendance a été "molle", a-t-il ajouté.

Pour sauver une année noire, nombre de marques de mode ont proposé, avant Noël, d'importants rabais à leur clientèle recensée dans des fichiers ou porteuse de cartes de fidélité.

Profitant à plein des achats de la clientèle touristique, qui représente désormais 30% de son chiffre d'affaires, le Printemps Haussmann a quant à lui vu ses ventes progresser de 9% à l'issue de la première semaine de soldes, avec des hausses de 10% dans l'habillement femme et de 15% dans les accessoires, repositionnés depuis deux ans sur les griffes de luxe.

"Nos ventes sont très satisfaisantes par rapport au marché en général", s'est félicité son directeur, Pierre Pelarrey, précisant que la fréquentation était restée stable mais que le panier moyen avait augmenté.

Signe des temps, le magasin historique du groupe commence à subir la concurrence d'autres villes d'Europe, en particulier celle de Londres, qui a démarré les soldes dès le 26 décembre.

Les grandes capitales de la mode que sont Paris, Londres ou Milan, multiplient les efforts pour développer leur attractivité face à une clientèle des pays émergents qui constitue le principal moteur du shopping international.

Or, selon une étude récente, Londres arrive en tête des villes d'Europe les plus attractives pour le shopping.

INTERNET RESTE À LA FÊTE

Comme l'an dernier, les sites de commerce électronique ont largement tiré leur épingle du jeu, avec une hausse de chiffre d'affaires de 13% (tous secteurs confondus et à données comparables) le premier jour des soldes, selon la Fédération du e.commerce et de la vente à distance (Fevad).

Avec la crise, les rabais ont été massifs sur internet, atteignant parfois 70% dès le premier jour, a précisé son délégué général, Marc Lolivier.

Le panier moyen a reculé de 2% en valeur, mais il a été compensé par une hausse des volumes, a-t-il précisé.

"Le pari a été payant et il démontre la capacité d'adaptation du e-commerce à une situation difficile", a-t-il poursuivi.

Le commerce en ligne compte aujourd'hui pour 9% du marché français de l'habillement évalué par l'IFM à environ 30 milliards d'euros.

Les soldes d'hiver, qui s'étalent sur cinq semaines, s'achèveront le 14 février.

Edité par Marc Angrand

par Pascale Denis