"Plusieurs pistes sont imaginables. Ce fonds de relance peut être dans le budget européen ou en dehors, l?important est son volume et de prévoir un endettement commun", déclare le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, dans une interview diffusée mardi soir par le quotidien Ouest-France.

Paris s'efforce de contourner l'opposition de pays du nord de l'Europe, comme l'Allemagne et les Pays-Bas, à la perspective d'une émission de dettes communes - les "corona bonds" - au niveau des Vingt-Sept.

D'où la proposition d'un fonds de relance européenne qui serait doté d'au moins 1.000 milliards d'euros et ne servirait qu'à soutenir des investissements d'avenir.

Tout en se disant ouvert à l'idée de loger ce fonds au sein du budget communautaire de l'Union européenne, Bruno Le Maire a déclaré mardi qu'il serait plus efficace s'il passait par une structure autonome.

"L'option 'standalone' (autonome) mérite d'être considérée dans ses détails, car cela nous semble être une option efficace pour lever de la dette dans des délais rapides", a dit le ministre français lors d'une conférence téléphonique mardi après-midi avec des journalistes.

"Elle a le mérite de la clarté, en distinguant les financements de la relance après la crise et celui des financements des dépenses courantes de l'Union européenne. La France reste ouverte aux deux options", a-t-il ajouté.

POSITIONS DIVERGENTES

Dans l'interview accordée à Ouest-France, le ministre ajoute: "Le fonds de relance économique d'au moins 1.000 milliards d?euros doit financer la relance européenne. Sa mécanique exacte et ses modalités techniques peuvent être discutées. Mais ce fond est vital pour rester dans la course technologique et économique du XXIe siècle."

Il réaffirme aussi que ce fonds est "vital pour l?avenir politique de l?Union européenne" si on veut éviter les déséquilibres qui se produiraient si certaines économies européennes redémarrent et d'autres non après la crise déclenchée par la pandémie de coronavirus.

Financer ce fonds par de la dette commune, poursuit-il, constitue "la réponse économique la moins coûteuse car les taux d?intérêt sont très bas".

Le projet sera au coeur du conseil européen programmé jeudi entre les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept.

L'Espagne, qui est avec l'Italie et la France l'un des trois pays européens les plus touchés par la pandémie, s'apprête à proposer à ses partenaires européens la création d'un fonds de 1.500 milliards d'euros alimenté par de la dette perpétuelle pour aider les pays les plus affectés économiquement par l'épidémie de coronavirus.

La chancelière allemande Angela Merkel a laissé entendre pour sa part qu'elle pourrait accepter de financer cette relance européenne par le biais d'un budget européen accru et par l'émission de dettes communes via la Commission européenne.

De sources diplomatiques, on estime que la réunion de jeudi n'aboutira sans doute pas à un accord compte tenu des divergences persistantes parmi les Vingt-Sept.

Les pays de la zone euro sont convenus le 9 avril d'un ensemble de mesures d'urgence pour quelque 540 milliards d'euros afin de tenter de soutenir l'activité mais des divergences persistent sur le financement d'un futur plan de relance, notamment sur l'éventualité d'une forme de mutualisation de la dette.

(Leigh Thomas; version française Henri-Pierre André)