(Précisions, réactions de Tusk, Porochenko)

NEW DELHI, 25 janvier (Reuters) - Les Etats-Unis vont réfléchir avec leurs partenaires européens à de nouveaux moyens, autres que militaires, pour faire barrage à l'implication de la Russie dans le conflit ukrainien, a déclaré dimanche Barack Obama.

Le président américain, en visite en Inde, a estimé que l'entraînement fourni par la Russie, mais aussi l'aide financière de Moscou et des troupes russes étaient à l'origine de la dernière offensive en date lancée par les insurgés séparatistes dans l'est de l'Ukraine.

"Nous sommes vivement préoccupés par la dernière rupture en date du cessez-le-feu et l'agression que mènent les séparatistes avec le soutien russe, du matériel russe, un financement russe, un entraînement russe et des soldats russes", a dit le président américain lors d'une conférence de presse à New Delhi.

"S'engager dans un conflit militaire avec la Russie ne serait pas efficace", a-t-il poursuivi. "Nous continuerons à suivre l'approche que nous avons adoptée jusqu'ici, qui est d'accentuer la pression sur la Russie."

"J'examinerai toutes les autres options possibles, à l'exclusion de la confrontation militaire, pour tenter de régler cette question."

Le président du Conseil européen, l'ancien Premier ministre polonais Donald Tusk, a déploré sur Twitter que la politique d'"apaisement" parfois prônée envers la Russie ne serve qu'à encourager "l'agresseur".

"Une nouvelle fois, l'apaisement encourage l'agresseur à exercer encore plus de violence. Il est temps d'intensifier notre action en nous fondant sur les actes, pas sur des illusions", a-t-il écrit après un entretien téléphonique avec le président ukrainien Petro Porochenko.

DONALD TUSK DÉNONCE LA POLITIQUE D'"APAISEMENT"

Donald Tusk a évoqué l'éventualité de nouvelles sanctions contre Moscou et a demandé une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.

La porte-parole de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a répondu également sur Twitter qu'elle "y travaillait".

"La violence conduira inévitablement à une nouvelle détérioration des relations entre l'UE et la Russie", ajoute-t-elle.

A la mi-janvier, Federica Mogherini a proposé aux Etats membres de l'Union de renouer le contact avec la Russie sur les grands dossiers internationaux, pour l'amener à changer d'attitude dans le conflit ukrainien, ce que les "durs" de l'UE voient comme une politique d'apaisement dangereuse.

A Kiev, le président Porochenko a réuni dimanche son conseil national de sécurité et a souligné que la "désescalade" militaire dans l'est du pays restait sa priorité, sur la base de l'accord conclu début septembre à Minsk, en Biélorussie.

"Lancer un processus politique de désescalade demeure notre priorité. Nous ne voyons pas d'autre alternative à l'accord de Minsk", a-t-il dit.

Il a précisé que les ministres des Affaires étrangères de l'UE se réuniraient lundi pour examiner l'évolution de la situation et les moyens de faire pression sur le Kremlin.

CONTACTS DIPLOMATIQUES

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a eu dimanche Federica Mogherini au téléphone et a dit espérer que l'UE parviendra à convaincre Kiev d'entamer "un large dialogue politique" avec les rebelles.

Il a également parlé à son homologue américain John Kerry et l'a assuré que Moscou était prêt à tout faire pour faciliter le dialogue en Ukraine et trouver une solution négociée à la crise, a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères.

Lors de la conversation téléphonique, John Kerry a proposé d'élargir le groupe de partenaires internationaux qui cherche à ramener la paix dans la région.

Pour la Russie, ajoute le communiqué, "seul un dialogue direct" entre le gouvernement ukrainien et les séparatistes de Donetsk et de Louhansk peut amener des résultats mais "Kiev veut l'éviter à tout prix et a clairement décidé de supprimer le sud-est de l'Ukraine par des moyens militaires."

Au moins 30 personnes ont trouvé la mort et 83 autres ont été blessées samedi dans un bombardement qui a visé la ville portuaire de Marioupol, tenue par l'armée gouvernementale ukrainienne.

Le chef séparatiste pro-russe Alexandre Zakhartchenko a déclaré que les rebelles avaient déclenché une offensive contre cette ville située à un emplacement stratégique, sur la route entre la frontière russe et la péninsule de Crimée annexée par Moscou en mars dernier. (John Chalmers, Stephen Powell, Natalia Zinets et Gabriela Baczynska; Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)