par Nathan Layne, James Oliphant et Gram Slattery

MILWAUKEE, Wisconsin, 18 juillet (Reuters) - Le sénateur J.D. Vance, choisi par Donald Trump comme colistier pour l'élection présidentielle américaine, s'est décrit mercredi soir lors de la convention nationale du Parti républicain comme l'enfant d'une ville industrielle oubliée de l'Ohio et a exprimé sa volonté de se battre pour les ouvriers du pays en cas de victoire en novembre.

Au cours d'un discours prononcé deux jours après l'officialisation de sa présence sur le "ticket" présidentiel républicain, lundi en ouverture de la convention à Milwaukee dans le Wisconsin, J.D. Vance, 39 ans, a raconté comment il a surmonté son enfance démunie pour servir dans l'armée américaine puis entrer à la prestigieuse faculté de droit de Yale, avant de travailler avec succès pour des fonds d'investissement.

"J'ai grandi à Middletown, dans l'Ohio, une petite ville où les gens disaient ce qu'ils pensaient, construisaient avec leurs mains, et aimaient de tout leur coeur Dieu, leur famille, leur communauté et leur pays", a-t-il déclaré.

"Mais c'était aussi un endroit laissé de côté et oublié par la classe dirigeante de l'Amérique à Washington", a-t-il ajouté, reprochant à ceux qu'il a présenté comme des "politiciens de carrière", tels Joe Biden, des politiques commerciales ayant nui aux familles comme la sienne.

"La vision du président Trump est simple: nous n'allons pas servir Wall Street, nous serons engagés au côté des travailleurs", a-t-il dit. "Nous n'importerons pas de main-d'oeuvre étrangère, nous nous battrons pour les citoyens américains".

Dans une apparente volonté de confirmer qu'il est un atout pour Donald Trump, alors que certaines voix républicaines avaient d'autres options en tête comme colistier, J.D. Vance s'est adressé directement aux classes ouvrière et moyenne de Pennsylvanie, du Wisconsin et du Michigan - trois Etats de la "Rust Belt", la ceinture industrielle du pays, considérés comme décisifs pour le scrutin présidentiel du 5 novembre.

PORTE-FLAMBEAU DU TRUMPISME

Son jeune âge et son populisme font de J.D. Vance un parfait "porte-flambeau" pour faire vivre le mouvement trumpiste au-delà d'un potentiel second mandat de Donald Trump, 78 ans.

Le discours de mercredi soir a placé encore davantage devant les projecteurs cet homme à l'ascension politique fulgurante, entré au Sénat il y a moins de deux ans en s'imposant dans l'Ohio lors des élections de mi-mandat au Congrès ("midterms").

Jadis détracteur de Donald Trump, le qualifiant d'"idiot" et de "Hitler américain" et votant pour la rivale démocrate de ce dernier lors de l'élection présidentielle de 2016, J.D. Vance s'est transformé depuis lors en l'un des plus fervents défenseurs de l'ancien président.

Il s'est efforcé à bâtir un programme politique cohérent s'inscrivant dans la lignée des instincts populistes de Donald Trump, avec une volonté de voir les Etats-Unis jouer un rôle moindre dans les relations internationales.

J.D. Vance s'est opposé à l'aide militaire américaine pour l'Ukraine et a repris les accusations sans fondement de Donald Trump selon lesquelles ce dernier a été victime d'une vaste fraude électorale en 2020, défendant les efforts de l'ancien dirigeant pour faire annuler les résultats du scrutin perdu face à Joe Biden.

Parmi les idées qu'il défend figurent des restrictions sur les importations afin d'aider la classe ouvrière américaine, la hausse du salaire minimum et la lutte contre la largesse des entreprises. Si elles vont à l'encontre des positions traditionnelles du Parti républicain, favorables aux entreprises, ses idées s'inscrivent dans le cadre du programme politique de Donald Trump.

Avant même que J.D. Vance n'effectue son discours, les démocrates ont critiqué son opposition au droit à l'avortement et accusé le sénateur de vouloir mettre en place une politique d'extrême droite.

En parallèle à cette troisième journée de la convention du Parti républicain, qui prendra fin jeudi, Joe Biden a pour sa part été contraint de mettre en pause sa campagne après avoir été testé positif au COVID-19.

Le président démocrate est rentré s'isoler à son domicile du Delaware à un moment inopportun, alors que les appels pour qu'il retire sa candidature se multiplient dans les rangs du Parti démocrate. (Reportage de Nathan Layne, James Oliphant et Gram Slattery; version française Jean Terzian)