Le pétrole se prend les pieds dans le tapis

Les prix du pétrole sont restés proches de leurs plus bas niveaux des quatre derniers mois, après la décision de l'OPEP+ d'augmenter son offre d'ici la fin de l'année. En parallèle, les stocks de pétrole brut et de carburant aux États-Unis se sont accrus, envoyant un second signal négatif.

Le Brent évolue ainsi sous la barre des 78 USD le baril, alors qu'il avait dépassé 90 USD deux mois avant. Le WTI se négociait dans le même temps 73 USD. Les deux contrats ont perdu près d'un dollar mardi, pour atteindre leurs niveaux les plus bas depuis le début du mois de février. Lundi, ils avaient plongé de 3 USD chacun.

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Cette baisse fait suite à l'annonce par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés de plans visant à augmenter l'offre à partir d'octobre, malgré les signes récents d'un affaiblissement de la croissance de la demande. "Le Brent reste sous pression car une partie du marché continue de considérer le calendrier proposé par l'OPEP pour les réductions volontaires comme un engagement contraignant d'augmenter de 500 000 barils par jour au quatrième trimestre 2024, indépendamment des perspectives fondamentales du pétrole ou du sentiment à la fin de l'été", a expliqué Helima Croft, responsable de la recherche sur les matières premières chez RBC Capital, dans une note de marché.

Toutefois, le ministre saoudien de l'énergie, le prince Abdulaziz bin Salman, a déclaré que l'OPEP+ mettrait en pause le déroulement des réductions ou les annulerait si la demande n'était pas assez forte pour absorber les barils. "L'OPEP+ a clairement indiqué que le retour de ces barils sur le marché peut être interrompu si les conditions du marché ne permettent pas cette offre supplémentaire. Toutefois, on peut se demander combien de temps certains membres seront prêts à retenir une part substantielle de l'offre sur le marché et à céder des parts de marché aux producteurs non membres de l'OPEP+", précise pour sa part Warren Patterson, en charge des matières premières chez ING.

Aux États-Unis, les stocks de pétrole brut, d'essence et de produits distillés ont augmenté la semaine dernière, selon des sources citant les chiffres de l'American Petroleum Institute. Les chiffres de l'API montrent que les stocks de brut ont augmenté de plus de 4 millions de barils au cours de la semaine qui s'est achevée le 31 mai, alors que les analystes prévoyaient une baisse de 2,3 millions de barils lors d'un sondage Reuters. Tim Evans, analyste indépendant spécialisé dans l'énergie, a écrit que les chiffres relatifs au brut figurant dans le rapport de l'API "représentent une surprise clairement baissière".

Tour d'horizon des "commos"

Côté métaux précieux, la tendance est clairement à la baisse depuis une semaine, avec un décrochage sensible de l'argent.

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Tendance baissière là-encore sur les métaux industriels, qui ont clairement marqué le coup des dernières statistiques de dynamique économique médiocres en Chine et aux Etats-Unis.

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Quant aux marchés agricoles, les ambiances diffèrent toujours d'un produit à l'autre. L'explosion des cours du cacao ces derniers mois a été suivie d'une consolidation, mais les cours se sont repris nettement depuis la mi-mai. Sur la période récente, le café a aussi donné des signes de reprise (attention, l'échelle est différente de celle des métaux).

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