par Gilles Le Roc'h

BAGNERES-DE-BIGORRE, 7 juillet (Reuters) - Il est bien rare que dans le cyclisme, les avis portés sur les jeunes coureurs, surtout unanimes, ne soient pas vérifiés par la suite, et Daniel Martin, vainqueur de l'étape reine des Pyrénées, en est un nouvel exemple.

L'Irlandais est le neveu de Stephen Roche et donc cousin de Nicolas, qui porte les couleurs de l'équipe Saxo Bank-Tinkoff. Dès sa première année professionnelle, en 2008, Dan Martin avait gagné la difficile Route du Sud et les avis s'étaient rangés derrière ce longiligne talent : il serait un très bon grimpeur.

En provenance de l'équipe de La Pomme Marseille, comme Daryl Impey, son grand ami, il lui a fallu du temps, beaucoup de claques et quelques jolies envolées lui permettant de lever les bras, comme dans cette arrivée de la Vuelta 2011 à La Covatilla, pour s'affirmer.

"J'ai progressivement gagné en maturité et j'ai progressé physiquement chaque année", explique Dan Martin. "J'ai pu évoluer tranquillement chez Garmin-Sharp qui est comme une famille pour moi, Il y a une super ambiance. Ce sont plus des amis que des équipiers. Toute l'équipe a énormément de confiance en moi, plus que moi d'ailleurs."

L'année 2013 marque un tournant dans la carrière de celui qui offre enfin à l'Irlande un succès d'étape dans le Tour, 21 ans après la victoire de son oncle à La Bourboule.

Il s'est en effet imposé cette année dans le Tour de Catalogne, toujours révélateur, puis dans la classique Liège-Bastogne-Liège en se montrant supérieur dans la dernière côte à Joaquim Rodriguez, l'un des meilleurs puncheurs du monde.

"J'AI SAISI MA CHANCE"

"C'est la victoire à Liège qui m'a permis d'attaquer aujourd'hui et de gagner à Bagnères-de-Bigorre", a raconté Dan Martin. "Cette étape, on l'avait planifiée avant le départ de Corse."

"Garmin-Sharp est une équipe super forte même si on a perdu Christian Vande Velde sur chute. Pour réussir aujourd'hui, il fallait attaquer dès le début, j'avais l'objectif d'être dans une échappée. J'ai attaqué dans le Portet-d'Aspet. Je n'ai pas réussi à être devant mais Ryder Hesjedal y était."

"Puis j'ai conservé des forces pour faire le final. Dans la dernière ascension, les favoris hésitaient et j'ai saisi ma chance. Heureusement, (Jakob) Fuglsang est revenu sur moi. Je n'ai jamais eu aussi mal aux jambes de ma vie mais j'étais confiant. Je me savais rapide. Et j'ai gagné."

Dan Martin et son équipe ont donc oublié les difficultés rencontrées samedi en Ariège et le coureur pourrait désormais se concentrer sur le classement général.

"Aujourd'hui, le classement général n'est pas encore un objectif personnel" dit-il. "Je ne pense pas à un top 10 par exemple. Cela arrivera si je suis consistant pendant trois semaines. Ce qu'on veut maintenant, c'est profiter de la joie de la victoire avant d'envisager la suite."

"Il y a un contre-la-montre à venir très important et une dernière semaine vraiment très compliquée. Depuis le départ de Corse, les étapes ont été très difficiles et personne ne sera à l'abri d'une mauvaise journée. Ne pas en connaître une, ce sera la clé pour obtenir un bon classement final." (Edité par Chrystel Boulet-Euchin et Julien Dury)