PARIS, 2 avril (Reuters) - Un sentiment de colère et de trahison prévalait mardi soir à l'Elysée à propos de l'affaire Jérôme Cahuzac, qui a affirmé à plusieurs reprises au chef de l'Etat ne pas être en possession d'un compte bancaire à l'étranger, ce qu'il avoue aujourd'hui.

Selon le récit qu'en a fait l'entourage présidentiel, tout a commencé le 4 décembre dernier, dans le train qui ramenait François Hollande de l'inauguration de l'antenne du musée du Louvre à Lens.

Le chef de l'Etat demande alors par téléphone au ministre du Budget si les informations diffusées ce jour-là par le site d'information Mediapart, selon lequel il aurait détenu un compte en Suisse "pendant de longues années", sont exactes.

C'est faux, répond le ministre. Un mensonge qu'il réitérera quelques jours plus tard à l'Elysée, "les yeux dans les yeux" du président, comme celui-ci le racontera plus tard.

Jérôme Cahuzac niera avec le même aplomb à Matignon, devant l'Assemblée nationale et dans plusieurs médias.

A l'Elysée, on affirme qu'il était impossible de connaître la réalité des faits sur lesquels la justice a enquêté.

"Il n'existe pas au sein de l'Etat d'officine secrète qui serait capable de travailler avec une officine secrète suisse pour savoir s'il y a ou pas des éléments d'information", souligne-t-on.

Des précautions ont été prises, ajoute-t-on, rappelant l'installation d'une "barrière étanche" dès le 10 décembre entre Jérôme Cahuzac et l'administration fiscale, appelée à enquêter sur le ministre.

L'Elysée rappelle aussi la promptitude avec laquelle l'exécutif a demandé à Jérôme Cahuzac de démissionner dès qu'une information judiciaire a été ouverte à son sujet, le 19 mars. "Dès lors qu'on a eu le moindre doute dans la procédure, il est sorti du gouvernement, il n'y avait pas de demi-mesure", souligne-t-on.

Dans l'entourage présidentiel, on estime que Jérôme Cahuzac "a menti aux Français avant tout", commettant "une faute morale, qui atteint l'ensemble de la démocratie telle que nous l'entendons, fondée sur la confiance que le peuple doit avoir dans ses élus".

On se défend aussi de toute "naïveté" face à "la défaillance d'un homme qui a menti à toutes les autorités de l'Etat" et "qui s'est enfermé pendant des mois dans des dénégations totales, pour sortir sur un aveu". (Elizabeth Pineau, édité par Henri-Pierre André)