Le secteur privé a commencé à investir davantage dans le nucléaire en 2024 pour couvrir la demande croissante d'électricité pour les centres de données et l'intelligence artificielle, mais les longs retards et les dépassements de coûts des projets récents ont nui à la compétitivité européenne.
Les incertitudes politiques et les mauvaises performances des services publics ont entravé la croissance en Europe, car la production d'énergie nucléaire est tombée à moins de 25% de la production totale d'énergie et dans 10 ans, elle devrait être inférieure à 15%, a déclaré Fatih Birol.
"Il est important que les gouvernements prennent des mesures pour montrer leur engagement à long terme et créer des mécanismes de dérisquage pour l'investissement, notamment en garantissant au moins partiellement les contrats et en rationalisant le processus réglementaire", a déclaré M. Birol lors d'une interview.
Il a refusé de nommer des investisseurs spécifiques intéressés par l'énergie nucléaire européenne.
La Chine est devenue un acteur majeur de l'industrie nucléaire grâce à un engagement de plusieurs décennies de la part du gouvernement et au développement d'une chaîne d'approvisionnement solide, que l'Europe devra imiter pour atteindre ses objectifs de développement, a déclaré M. Birol.
Selon un rapport de l'AIE publié jeudi, la croissance de la capacité nucléaire installée en Chine devrait éclipser celle des États-Unis et de l'Union européenne d'ici à 2030, à mesure que de nouveaux projets seront mis en service.
Les 63 réacteurs nucléaires en construction dans le monde représentent plus de 70 gigawatts (GW) de capacité, dont la moitié en Chine, tandis que les investissements annuels ont augmenté de près de 50 % au cours des trois années écoulées depuis 2020, selon le rapport.
Le développement de petits réacteurs modulaires pourrait permettre à l'Europe, aux États-Unis et au Japon de reprendre la tête de la technologie nucléaire au cours de la prochaine décennie, et grâce à des investissements importants, quelque 80 GW pourraient être installés d'ici 2040, selon le rapport.
Toutefois, pour atteindre ces niveaux, l'industrie devra réduire les coûts à des niveaux similaires à ceux des projets d'hydroélectricité à grande échelle et d'énergie éolienne en mer. L'investissement devrait être multiplié par cinq pour atteindre 25 milliards de dollars (24,32 milliards d'euros) d'ici la fin de la décennie, selon le rapport.
(1 euro = 1,0278 $)