* Jens Stoltenberg, "convaincu qu'il s'agira d'un message positif et fort sur l'Ukraine"

* Veto de la Turquie levée, Biden "pas du tout" surpris

* Aide non létale de 500 millions d'euros par an à l'Ukraine

(Actualisé avec déclarations de Volodimir Zelensky, projet d'accord, aides de l'Allemagne et de la France, commentaires sur l'adhésion de l'Ukraine)

par John Irish, Steve Holland et Andrius Sytas

VILNIUS, 11 juillet (Reuters) -

Le président ukrainien Volodimir Zelensky a jugé mardi qu'il serait "absurde" de la part de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) de ne pas fournir à l'Ukraine un calendrier pour son adhésion à l'alliance atlantique, lors du sommet qui s'est ouvert à Vilnius, en Lituanie.

L'Ukraine fait pression pour être rapidement admise au sein de l'alliance occidentale, mais des divisions existent entre les 31 membres de l'Otan sur son adhésion.

"Il est sans précédent et absurde qu'aucun délai ne soit fixé pour l'adhésion de l'Ukraine", a déclaré Volodimir Zelensky sur l'application de messagerie Telegram avant de rejoindre le sommet.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, avait assuré tôt dans la matinée que l'Ukraine recevra un "message positif et fort" sur son chemin vers l'adhésion.

Kyiv bénéficiera d'une aide militaire accrue, d'un assouplissement des conditions formelles d'adhésion, telles que le plan d'action (MAP), et d'une nouvelle forme de coopération avec l'Otan, le "Conseil Otan-Ukraine", qui tiendra sa première session mercredi à Vilnius, a-t-il ajouté.

"Je suis convaincu qu'il s'agira d'un message positif et fort sur l'Ukraine et sur la voie à suivre pour l'adhésion", a dit Jens Stoltenberg avant d'accueillir le sommet dans la capitale lituanienne.

Par ailleurs, le sommet de deux jours devrait approuver les premiers plans globaux de l'Otan depuis la fin de la guerre froide pour se défendre contre une éventuelle attaque russe.

L'Alliance a été créée en 1949 dans le but premier de contrer le risque d'une attaque soviétique sur le territoire des alliés.

PROTECTION COLLECTIVE

Si les membres de l'Otan s'accordent sur le fait que Kyiv ne peut pas joindre l'alliance durant la guerre, les désaccords portent sur la rapidité avec laquelle une adhésion pourrait se produire après la guerre et sur les conditions à respecter.

Certains pays d'Europe de l'Est soutiennent l'adhésion de l'Ukraine, estimant que la protection collective de l'Otan dissuaderait la Russie d'agresser à nouveau. Cependant, d'autres pays, comme les États-Unis et l'Allemagne, se montrent plus prudents, craignant que cela ne conduise l'Alliance à un conflit direct avec la Russie, voire à une guerre mondiale.

Des diplomates ont déclaré que le texte de l'accord final pourrait laisser à l'alliance la possibilité "d'inviter" Kyiv à la rejoindre "lorsque les alliés seront d'accord et que les conditions seront remplies".

L'accord pourrait ne pas préciser de quelles conditions il s'agirait, et les diplomates ont souligné que le projet d'accord n'avait pas encore été finalisé.

Le président américain Joe Biden a appuyé la position de Jens Stoltenberg, soulignant que l'Otan devait rester unie face aux tentatives russes de diviser l'alliance.

La Russie a de fait critiqué ce sommet et un haut diplomate russe basé à Vienne a averti que l'Europe serait la première à faire face à des "conséquences catastrophiques" en cas d'escalade de la guerre en Ukraine, a rapporté l'agence de presse russe RIA.

L'invasion russe de l'Ukraine en février 2022 a bouleversé la sécurité en Europe et a incité la Finlande et la Suède à chercher à rejoindre l'Otan.

La Finlande a pu rejoindre l'Alliance en avril et la candidature de la Suède a reçu l'approbation du président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour être soumise au parlement d'Ankara en vue de sa ratification, mettant fin à des mois d'opposition.

Le président américain Joe Biden a déclaré ne "pas du tout" être surpris que la Turquie ait levé son veto.

MISSILES LONGUE-PORTÉE

L'ambassadeur lituanien auprès de l'Otan a annoncé que le sommet s'engagerait à fournir une aide non létale de 500 millions d'euros par an à l'Ukraine, notamment des fournitures médicales et des opérations de déminage, tandis que la Norvège augmentera son aide militaire.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a déclaré que Paris commencerait à livrer à l'Ukraine "de nouveaux missiles permettant des frappes dans la profondeur", à la suite d'une annonce similaire faite par la Grande-Bretagne.

Une source militaire française estime que ces

missiles Scalp

ne constituent pas une escalade car leur utilisation est proportionnelle et que la Russie utilise des missiles de croisière lancés à depuis des milliers de kilomètres de distance.

Le gouvernement allemand va également livrer de

l'aide militaire

à l'Ukraine pour un montant de 700 millions d'euros, a annoncé le ministère de la Défense, dont deux lanceurs Patriot, 40 véhicules de combat d'infanterie Marder et 25 chars de combat 1A5.

(Reportage de John Irish, Andrew Gray, Sabine Siebold, Steve Holland, Justyna Pawlak, Andrius Sytas, Krisztina Than, Niklas Pollard, rédigé par Gabriela Baczynska, version française Dina Kartit et Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)