* Un millier de soldats seront retirés dès 2012

* Washington réagit avec modération

* Sarkozy annonce la reprise des missions de formation (Avec réaction américaine)

PARIS, 27 janvier (Reuters) - Le retrait des unités combattantes françaises d'Afghanistan sera avancé d'un an à fin 2013 mais des soldats français continueront d'y assurer, ensuite, des missions de formation, a déclaré vendredi Nicolas Sarkozy.

La province de la Kapisa, où se trouve le contingent français, passera sous responsabilité afghane à partir de mars prochain, en accord avec le président afghan, a précisé le chef de l'Etat français après un entretien avec Hamid Karzaï.

"La poursuite de la transition et ce transfert graduel des responsabilités de combat permettra de planifier le retour de la totalité de nos forces combattantes dès la fin de l'année 2013", a ajouté Nicolas Sarkozy.

Il a rappelé que 400 soldats étaient déjà rentrés en France l'an dernier et indiqué qu'ils seraient un millier de plus à quitter l'Afghanistan d'ici la fin de l'année 2012.

"Après le retrait de nos forces combattantes, la France restera engagée dans la formation de soldats afghans", a-t-il cependant précisé.

La France compte quelque 3.600 militaires en Afghanistan. Les Etats-Unis et leurs alliés, dont la France, ont prévu de retirer leurs forces d'ici 2014, après transfert aux autorités afghanes des responsabilités en matière de sécurité.

Mais après la mort le 20 janvier de quatre soldats français, tués par un taliban infiltré dans l'armée afghane, Nicolas Sarkozy avait évoqué un retrait accéléré des forces françaises.

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, avait cependant déclaré mardi que la France n'entendait pas "céder à la panique" et, le lendemain, le président de la République avait paru revenir quelque peu en arrière.

"Nous ne nous laisserons pas impressionner", avait-il dit à Varces (Isère) dans un hommage aux quatre militaires tués.

RÉACTION MODÉRÉE DE WASHINGTON

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, avait pour sa part appelé Paris à respecter le calendrier fixé.

Nicolas Sarkozy s'en est tenu finalement à l'idée d'un retrait anticipé, en se prévalant d'un accord avec les alliés de la France sur une opération "organisée et raisonnable".

"J'aurai une conversation dès demain avec le président (américain Barack) Obama, qui est d'ailleurs totalement informé des annonces que nous avons faites", a-t-il ajouté.

A Washington, le département d'Etat américain a confirmé avoir été informé de la décision française.

"Nous sommes heureux qu'elle n'ait pas été précipitée mais discutée de façon approfondie avec l'Otan, les Afghans et en concertation avec nous tous", a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland.

Interrogée sur un impact éventuel sur les opérations de la force internationale en Afghanistan, elle a répondu : "C'est une décision de la France. Elle a été prise de façon ordonnée et nous ferons avec."

Nicolas Sarkozy a également dit avoir décidé d'un commun accord avec Hamid Karzaï de demander à l'Alliance atlantique "une réflexion sur une totale prise en charge des missions de combat de l'Otan par l'armée afghane au cours de l'année 2013".

"Le gouvernement français portera une proposition en ce sens lors de la réunion des ministres de la défense de l'Otan les 2 et 3 février prochains", a-t-il indiqué.

TRAITÉ D'AMITIÉ

Au total, 82 soldats français ont été tués en Afghanistan depuis 2001, dont 26 en 2011, année la plus meurtrière.

Selon un sondage CSA publié cette semaine, 84% des Français sont favorables à un retrait de leurs soldats d'ici fin 2012, comme le propose le candidat socialiste à la présidentielle.

François Hollande a réitéré vendredi son intention de rapatrier les troupes françaises le plus rapidement possible s'il est élu et d'en informer les alliés lors du sommet de l'Otan des 20 et 21 mai à Chicago.

L'attentat du 20 janvier, qui a fait aussi une quinzaine de blessés dont huit graves, avait également amené Paris à suspendre ses opérations de formation de l'armée afghane.

Nicolas Sarkozy a déclaré avoir reçu de Hamid Karzaï assez de garanties pour que ces missions reprennent dès samedi.

Il a estimé que l'infiltration de taliban dans l'armée afghane constituait une menace "jusqu'ici sous-évaluée".

Il a déclaré avoir reçu du président afghan l'engagement d'en tirer rapidement les conséquences, notamment en matière de sélection des recrues de l'armée afghane.

"Nous demanderons à l'Otan de se saisir du problème des infiltrations dans l'armée et la police afghanes", a-t-il dit.

Nicolas Sarkozy et Hamid Karzaï ont signé vendredi un traité d'amitié qui organise la coopération bilatérale entre la France et l'Afghanistan en matière de développement, d'agriculture, d'infrastructures, de santé, d'éducation, ainsi que pour la créaton d'une gendarmerie.

"L'avenir de la coopération entre la France et l'Afghanistan c'est une coopération civile, économique, diplomatique et politique", a souligné le président français. (Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou)