par Angus McDowall

ALEP, Syrie, 3 août (Reuters) - L'Unesco pense que la ville d'Alep, ravagée par des années de guerre civile et revenue sous contrôle des forces gouvernementales syriennes en décembre, peut retrouver sa splendeur passée.

"Nous envisageons de reconstruire la Vieille Ville exactement comme elle était avant la guerre, avec les mêmes pierres, si on peut", confie Mazzen Samman, coordinateur adjoint du programme de l'Unesco dans la ville.

Des plans détaillés de restaurations antérieures, dit-il, existent pour redonner vie, à l'identique, aux mosquées médiévales, aux souks, aux bains et autres citadelles.

Mais ce qui vaut pour les trésors architecturaux d'une ville jadis la plus visitée par les touristes de passage en Syrie ne l'est peut-être pas pour les secteurs moins prestigieux de la Medina, aujourd'hui immense champ de ruines.

Une centaine de milliers de personnes vivaient dans la Vieille Ville d'Alep et beaucoup des efforts de reconstruction possible dépendront d'eux.

Et de la possibilité d'avoir suffisamment d'artisans de qualité pour faire le travail.

Or, nombre d'entre eux ont fui la ville durant les combats, ou y sont morts quand d'autres survivent aujourd'hui dans de lointains camps de réfugiés avec nulle intention de revenir dans la deuxième ville de Syrie.

"Nous envisageons d'ouvrir une école d'artisanat", explique Mazen Samman, bien conscient qu'il est des difficultés de redonner son lustre d'antan à l'une des plus anciennes villes du Proche-Orient.

L'ODEUR DU SOUK

Le défi pour l'agence de l'Onu et les autorités locales est de convaincre les anciens commerçants de reprendre leur activité.

Car même quand leur échoppe est toujours debout, ce qu'elle contenait n'est évidemment plus là. Les pillards sont passés par là.

Dans le quartier de Djedaïdah, l'exemple est frappant.

Une modeste porte d'entrée mène à un petit patio qui profite de l'ombre d'un figuier. De la vigne vierge grimpe sur les murs et une niche dans la pierre au pied de l'escalier menant au toît smeble montrer la voie.

Une pièce donnant sur le patio, bancs en bois, céramique au sol, dénote une ambiance qui convenait à ce qui était peut-être une bijouterie ou un atelier d'orfèvrerie.

Et en plein milieu du patio, deux coffres-forts en métal, éventrés, et vides.

Toutefois, une visite de la Vieille Ville, sous bonne escorte gouvernementale, semble montrer que de nombreux habitants sont revenus, et tentent de rebâtir.

Et de repartir souvent de zéro.

Dans le Souk al Kamash, un marché textile couvert, Mohammed Maym en est aujourd'hui à repeindre son échoppe.

Tout autour les murs du souk sont noirs de suie.

Durant la longue période des combats, quand les rebelles occupaient encore la Vieille Ville, il s'est efforcé de venir voir son magasin chaque fois qu'un couloir humanitaire était ouvert.

"J'avais juste besoin de sentir l'odeur du souk. Sinon, j'explosais". (Gilles Trequesser pour le service français)