WASHINGTON, 4 septembre (Reuters) - Donald Trump a demandé l'an passé que soit organisé l'assassinat du président syrien Bachar al Assad mais son secrétaire à la Défense James Mattis a préféré ignorer cette exigence, révèle dans un livre le journaliste américain Bob Woodward, devenu célèbre pour ses révélations dans l'affaire du Watergate.

Le Washington Post, journal pour lequel travaillait Woodward, a publié mardi en avant-première des extraits de cet ouvrage intitulé "Fear" et non encore disponible en librairie.

L'auteur y relate notamment les tensions qui agitent la Maison blanche depuis 20 mois que Donald Trump a été investi président des Etats-Unis.

Le livre dresse le portrait d'un président américain prompt à l'invective et à l'injure ainsi qu'à la prise de décisions impulsives. L'auteur qualifie le chaos qui règne au sein de la présidence de "coup d'Etat administratif" et de "crise de nerf" du pouvoir exécutif.

Selon Bob Woodward, Donald Trump a informé le secrétaire à la Défense James Mattis qu'il souhaitait que Bachar al Assad soit assassiné après une attaque à l'arme chimique contre des civils syriens en avril dernier.

Mattis a promis à Trump "de s'en occuper tout de suite" avant de se contenter de mettre au point un plan de frappes aériennes limitées ne présentant aucune menace pour Assad.

Mattis aurait raconté à des collègues que Donald Trump se comportait "comme un écolier de CM2" lors d'un autre incident, poursuit l'auteur qui a puisé ses informations dans des entretiens avec des conseillers présidentiels en leur garantissant l'anonymat.

Parmi les autres révélations du livre, le journaliste raconte comment Gary Cohn, l'ancien conseiller économique de la Maison blanche, a dérobé sur le bureau du président une lettre prévoyant le retrait des Etats-Unis d'un accord commercial avec la Corée du Sud, afin d'empêcher Trump de la signer.

Cohn, qui tentait de freiner les ardeurs protectionnistes de Donald Trump, envisageait de faire de même avec un document qui aurait marqué la sortie des Etats-Unis de l'Accord de libre-échange de l'Amérique du Nord (Aléna).

"J'ai juste pris le papier sur son bureau", a dit Cohn à un conseiller présidentiel, raconte le livre.

D'autres conseillers n'hésitent pas à insulter le président en son absence. Ainsi le secrétaire général de la Maison blanche John Kelly a qualifié Trump "d'imbécile" et affirmé qu'il s'agissait "du pire boulot qu'il ait jamais eu".

Le président se montre fréquemment méprisant avec ses conseillers qualifiant notamment le ministre de la Justice Jeff Sessions d'"attardé mental".

Woodward relate enfin que Trump se révèle de plus en plus inquiet et paranoïaque à propos de l'enquête fédérale sur l'ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016, ses conseillers dressant un parallèle avec l'état d'esprit de Richard Nixon lors du scandale du Watergate.

(Andy Sullivan; Pierre Sérisier pour le service français)