SAN FRANCISCO/WASHINGTON, 5 janvier (Reuters) - Jerome Powell, qui présidera dans un mois la Réserve fédérale américaine, n'a soutenu qu'avec réserve le troisième programme d'assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE) de la banque centrale en 2012, montrent des transcriptions publiées vendredi.

"Je soutiens (la décision) avec un certain manque d'enthousiasme et je suis quelque peu mal à l'aise avec le chemin que nous prenons", a-t-il déclaré lors de la réunion monétaire de septembre 2012. A cette réunion, les banquiers centraux ont décidé d'acheter pour 40 milliards de dollars (33 milliards d'euros) d'obligations adossées à des crédits hypothécaires par mois pour maintenir les taux bas et stimuler l'économie.

Powell, qui avait rejoint la Fed comme gouverneur en mai 2012, avait été peu loquace à l'époque sur le QE et les transcriptions révèlent un fort contraste avec le plein soutien affiché à l'époque par Janet Yellen, alors numéro deux de l'institution et qui en est devenue la présidente en 2014.

La Fed publie les transcriptions des réunions avec un délai de cinq ans, et celles de 2012 ont été communiquées vendredi.

"Sans nouvelle mesure de politique monétaire, je vois peu de chance que le chômage baisse dans un avenir prévisible", avait dit Yellen lors de la même réunion de septembre 2012, plaidant pour une action immédiate.

L'opinion de Powell semble depuis s'être rapprochée de celle de Yellen, qui prônait un soutien agressif de la Fed pour favoriser l'emploi.

Ses vues sur les perspectives économiques semblent avoir aussi évolué rien qu'au cours de ses six premiers mois à la Fed.

Alors que le taux de chômage dépassait les 8%, Powell se montrait bien plus optimiste sur la situation que ses collègues.

"Je ne suis tout simplement pas persuadé que le ralentissement se poursuivra en 2013", dit-il à la réunion de juin 2012, citant des analyses plutôt positives de ses "contacts dans l'industrie".

A la même réunion, Yellen a qualifié de "pratiquement uniformément décourageantes" les données économiques publiées depuis la réunion précédente et a dit partager l'avis du gouverneur Daniel Tarullo qui parlait d'une "économie enlisée."

En décembre, Powell avoue ne plus être convaincu qu'une amélioration interviendra en 2013, même s'il dit espérer du mieux pour le second semestre.

Tout au long de ses premiers mois au Board de la Fed, l'ancien banquier d'investissement et associé du fonds Carlyle s'appuie manifestement sur ses échanges avec des investisseurs et chefs d'entreprises alors que Yellen, économiste de formation, se fie à des études et analyses techniques.

Même en ayant été persuadé du bien-fondé du QE, Powell exprime encore en décembre des "réserves" à cause du gonflement du bilan de la Fed qui en résultera. (Ann Saphir à San Francisco avec Lindsay Dunsmuir et Jason Lange à Washington, Véronique Tison pour le service français)