(Actualisé discours, contexte)

par David Alexander

KABOUL, 10 février (Reuters) - Le général américain John Allen a transmis dimanche ses fonctions de commandant des troupes américaines et de l'Otan en Afghanistan à son compatriote Joseph Dunford, qui aura à superviser le retrait de l'essentiel des forces étrangères stationnées dans le pays.

"Aujourd'hui, il ne s'agit pas de changement, mais de continuité", a dit le nouveau commandant de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf).

"Ce qui n'a pas changé, c'est la volonté de la coalition", a-t-il ajouté devant un parterre de dignitaires étrangers et afghans réunis au siège de l'Isaf, où le président afghan Hamid Karzaï n'est cependant pas venu.

Issu comme son prédécesseur du corps des Marines, dont il était jusqu'à cette nouvelle affectation le commandant en chef adjoint, "Fighting Joe", le surnom qu'il a acquis lors de ses engagements en Irak, va devoir accompagner une phase particulièrement sensible: celle du retrait des forces combattantes américaines et étrangères déployées depuis fin 2001 en Afghanistan.

Joseph Dunford est le cinquième officier à prendre le commandement de l'Isaf depuis l'investiture de Barack Obama, en janvier 2009.

Dans son discours d'adieu, John Allen, qui était en poste depuis juillet 2011, a insisté sur la transformation des forces de sécurité nationales afghanes (ANSF), qui assumeront dès le printemps la responsabilité des opérations de sécurité.

"Cet énorme progrès est un testament de vos efforts. Vous avez bâti l'ANSF afin qu'elles soient capables de prendre le commandement dès le printemps", a-t-il lancé à ses troupes.

"L'Afghanistan n'est plus un lieu pris entre des empires", a-t-il poursuivi.

Allen a fait référence au passé d'un pays situé entre l'Iran, le Pakistan et l'Asie centrale et soumis régulièrement à des invasions depuis Alexandre le Grand jusqu'au XIXe siècle et le "Grand jeu" qui opposait Britanniques et Russes avant de basculer dans l'histoire récente avec l'invasion soviétique de 1979.

"LA VICTOIRE NE SERA PEUT-ÊTRE JAMAIS PROCLAMÉE"

Saluant le rôle que jouent désormais les 350.000 hommes des forces afghanes de sécurité, il a noté que la campagne militaire engagée en Afghanistan était en train de décrocher la victoire mais cette victoire, a-t-il ajouté, "ne sera peut-être jamais marquée par un défilé militaire ni même par un instant donné où la victoire sera proclamée".

"Cette campagne sera gagnée lorsque la population sera protégée par ses propres forces et reconnaîtra son gouvernement comme légitime et représentatif de la volonté démocratique du peuple", a-t-il dit.

Allen devrait poursuivre sa carrière au poste de commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur), une promotion un temps menacée par son implication dans l'affaire de moeurs qui a conduit le général David Petraeus à démissionner de son poste de directeur de la CIA l'automne dernier.

Son nom était apparu dans une série d'échanges de courriels avec Jill Kelley, une figure des cercles mondains de la ville de Tampa, en Floride. Mais une enquête du Pentagone l'a blanchi le mois dernier de toute mauvaise conduite professionnelle.

"La procédure de nomination du général Allen va se poursuivre. Nous espérons que le Sénat l'examinera de manière opportune", déclarait il y a trois semaines le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney.

Le secrétaire à la Défense Leon Panetta, en instance de départ de l'administration américaine, a salué le travail accompli par le général Allen à la tête de l'Isaf et des forces américaines.

"Au cours des dix-huit derniers mois, nul n'en a plus fait que le général John Allen pour contribuer à la mise en oeuvre d'un avenir plus brillant", souligne-t-il dit dans un communiqué.

"Son dévouement désintéressé à nos troupes et à notre mission est une source constante d'inspiration", poursuit Panetta, présentant le général Allen comme "l'un des penseurs et chefs militaires les plus remarquables, les plus modestes et les plus brillants d'Amérique". (avec Amie Ferris-Rotman; Henri-Pierre André pour le service français)