Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a annoncé qu'elle détaillerait pour cela les économies qu'elle compte faire pour ramener ces déficits à 3% du PIB l'an prochain, là où Bruxelles les anticipe dorénavant à 3,9% après 3,7% en 2013.

En indiquant qu'il ne prévoyait plus qu'une croissance de 0,1% de l'économie française en 2013, au sein d'une zone euro en récession pour la deuxième année consécutive, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires a en effet laissé la porte ouverte à un tel report d'un an de l'objectif des 3%.

Le Finlandais Olli Rehn a mis à cela deux conditions.

D'une part, que les prévisions économiques de printemps de la Commission, attendues en mai, confirment qu'il n'y aura pas d'embellie conjoncturelle et que l'ajustement "structurel" des finances publiques françaises dépassera 1% par an en moyenne sur la période 2010-2013, ce qui est le cas pour l'instant.

De l'autre, que la France présente des mesures "adéquates et convaincantes" dans le programme de stabilité qu'elle remettra à l'Union européenne en avril à l'appui de ses engagements.

Alors que les responsables français ont exclu à plusieurs reprises "d'ajouter de l'austérité à la récession" en 2013, marquée par un effort budgétaire prévu à 38 milliards d'euros, Pierre Moscovici a salué l'approche "intelligente, équilibrée" de la Commission.

LE "SURGEL" RESTERA DE RIGUEUR

Il s'est félicité qu'elle ait reconnu l'importance des efforts déjà menés par la France pour réduire ses déficits structurels de 4,1 points de PIB entre 2010 et 2013.

Pour 2013, "nous allons poursuivre le dialogue avec le commissaire Rehn et avec nos partenaires européens pour que ce report (d'un an) aujourd'hui déclaré possible devienne effectif", a dit le ministre de l'Economie devant la presse.

"Dans le contexte actuel, il est indispensable que nous puissions laisser jouer les stabilisateurs automatiques pour soutenir l'activité", a-t-il ajouté.

Mais il assuré qu'il n'était pas pour autant "question de relâcher l'effort structurel" et que l'objectif d'un équilibre des comptes publics en 2017 était plus que jamais d'actualité.

"Cela impliquera tout au long de cette année et au-delà une stricte maîtrise des dépenses publiques", a-t-il indiqué. Le "surgel" des crédits d'Etat, qui a fait ses preuves en 2012, sera encore de mise et le programme de stabilité présenté au Parlement mi-avril "documentera les mesures qui permettront d'atteindre l'objectif" de 3% de déficits en 2014.

Dans son intervention, Olli Rehn a salué les efforts budgétaires français et l'amorce de réformes structurelles comme le pacte de compétitivité adopté fin 2012 et l'accord récent des partenaires sociaux sur une réforme du marché du travail.

RÉFORMES STRUCTURELLES

Mais il a pressé Paris d'aller plus loin dans cette voie au vu des risques posés par un taux d'endettement public supérieur à 90%, mentionnant particulièrement la nécessité d'une réforme du système des retraites pour assurer sa viabilité à long terme.

Anticipant ces annonces, le gouvernement vient de décider le lancement d'une consultation prochaine sur le sujet. Il a en outre identifié récemment des pistes d'économies dans des domaines comme la politique familiale ou les aides aux entreprises et informé les collectivités locales d'une baisse des concours financiers de l'Etat.

La modernisation de l'action publique lancée fin 2012 servira aussi pour identifier les économies qui devront alimenter en priorité la consolidation des finances publiques à partir de 2014, a rappelé Pierre Moscovici.

Sur ce point, le ministre a confirmé que le montant des économies prévues dans la loi de programmation pluriannuelle des finances publiques - 60 milliards d'euros - était maintenu, semblant ainsi exclure un tour de vis supplémentaire.

Il s'est dit optimiste que la politique du gouvernement en matière de soutien à l'emploi et aux entreprises porterait ses fruits et que "la réalisation, et non pas la prévision, en termes de croissance sera supérieure à 0,1%" en 2013.

Si la France doit convaincre ses partenaires européens de ses bonnes intentions, sa crédibilité est aussi en jeu vis-à-vis des marchés, a-t-il souligné :

"Des taux bas sont bons pour le service de la dette et indispensables pour permettre aux entreprises d'investir. Des taux bas, c'est un élément majeur de la compétitivité !".

Robin Emmott et Jan Strupczewski à Bruxelles, Jean-Baptiste Vey et Yann Le Guernigou à Paris, édité par Yves Clarisse