PARIS, 14 décembre (Reuters) - Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, a appelé mercredi la France à ne plus seulement adopter une approche quantitative dans la réduction du déficit public.

"Pour faire des économies structurelles intelligentes et durables, ma conviction est que la méthode du grand coup de rabot a atteint ses limites et que donc il faut d'abord penser qualité de la dépense publique et non pas quantité", a-t-il déclaré lors d'une audition à l'Assemblée nationale française.

Si les réformes permettant à l'Etat de réaliser des économies sans dégrader les services publics "prennent du temps pour la conception, pour la concertation pour la mise en oeuvre", le sérieux budgétaire n'est "pas du tout contradictoire avec de l'audace et de l'ambition", a expliqué l'ex-ministre de l'Economie et des Finances de François Hollande.

A quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle, Pierre Moscovici a donc une nouvelle fois lancé une mise en garde contre la tentation de laisser filer les déficits.

Dans ses prévisions d'automne publiées le mois dernier, la Commission européenne s'attend à ce que le déficit public de la France s'élève à 2,9% du produit intérieur brut (PIB) l'an prochain mais remonte à 3,1% en 2018.

De son côté, le gouvernement prévoit toujours de le ramener sous le seuil des 3% en 2017, comme la France s'y est engagée auprès de ses partenaires européens, avec un objectif maintenu à 2,7% pour l'an prochain.

Le programme de François Fillon, candidat de la droite et du centre à la présidentielle, table sur un déficit public aux alentours de 4% l'an prochain.

"Je constate que cette idée du retour aux déficits excessifs est déjà présente dans l'air du temps d'une manière palpable ou impalpable et ça m'inquiète pour la situation de l'économie française et pour notre crédibilité en Europe", a dit Pierre Moscovici aux députés.

Selon lui, après les efforts consentis par les Français pour "parvenir à la réduction structurelle du déficit", il serait "inapproprié sur le plan politique et économique de revenir en arrière".

"Avec un effort structurel pas très conséquent, la tendance peut être durablement en dessous de 3% et très sincèrement je souhaite que ce soit le cas", a-t-il déclaré en précisant que selon lui "tout programme politique (...) peut être et doit être compatible avec cet engagement du pays". (Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)