(Actualisé avec avocat du couple §6-8)

PARIS, 4 février (Reuters) - Les premiers éléments de l'enquête interne sur la mort vendredi d'un bébé in utero dans une clinique parisienne ne révèlent pas un manque de place et les effectifs étaient au complet, indique lundi l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Elle précise que les résultats d'une enquête approfondie sur le décès de l'enfant à la clinique Port-Royal, dans le XVe arrondissement, sont attendus pour le début du mois de mars.

"De premiers éléments d'enquête montrent que les effectifs soignants, médicaux et paramédicaux, étaient au complet et que la disponibilité des lits et des salles permettait de recevoir les urgences", assure l'AP-HP dans un communiqué publié lundi soir.

"L'examen médical de cette patiente n'a pas conduit à la décision de la prendre en charge en urgence", ajoute-t-elle.

Cette enquête administrative et médicale a été demandée par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, tandis que des investigations judiciaires ont été ordonnées par le parquet.

"Une enquête en vingt-quatre heures ne peut pas donner tous les éléments de réponse donc il faudra attendre les enquêtes pour avoir plus d'éléments", a réagi l'avocat du couple, Me Ariel Goldmann, sur BFM TV.

Il a souligné que ses clients étaient "extrêmement combatifs" et voulaient savoir ce qui s'était passé.

"Ils veulent tout simplement savoir si la mort de leur enfant in utero aurait pu être évitée, si quelque chose a dérapé", a-t-il dit.

Le mari de Deborah, dont le bébé est mort en fin de semaine dernière, a porté plainte après que la mère eut été renvoyée chez elle par le personnel de la maternité Port-Royal où son accouchement, jugé à risques, était programmé.

DEUXIÈME PLAINTE CONTRE LA MATERNITÉ

Le couple a mis en cause l'établissement hospitalier et son service "débordé", qui aurait expliqué selon le couple ne pouvoir les prendre en charge faute de chambre disponible.

Patrick Houssel, directeur des hôpitaux universitaires du groupe Paris Centre à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, dont dépend Port-Royal, avait déjà affirmé dimanche sur France Info que des lits étaient disponibles jeudi à la maternité.

Pour comprendre "ce grave événement", une mission a été confiée au professeur Bruno Carbonne, président de la collégiale des gynécologues-obstétriciens, et à Pierre Panel, président du Cercle d'étude des gynécologues-obstétriciens de la région Ile-de-France, assistés de plusieurs médecins.

Une deuxième femme dont le bébé est mort in utero en novembre 2011 à la maternité Port-Royal a décidé de porter plainte pour homicide involontaire après avoir pris connaissance de l'affaire qui a éclaté dimanche.

Contrairement à Deborah, Yamina, 32 ans, n'avait pas été renvoyée chez elle faute de place. Mais elle entend dénoncer le "manque d'attention" accordé aux patientes, selon elle, dans cet établissement.

"Ça a été très dur pour moi. Je n'avais pas eu la force jusqu'ici de le faire. Mais je me dis aujourd'hui qu'il ne faut plus laisser passer de pareilles choses", déclare-t-elle lundi à Libération.fr.

Elle explique s'être rendue à la clinique au moment du terme en insistant pour qu'on lui fasse une césarienne, laquelle a été programmée quatre jours plus tard.

Mais dès le lendemain, elle aurait eu des contractions et serait retournée à l'hôpital, où elle se serait aperçue que le battement du coeur du bébé devenait imperceptible.

"Ils ont mis vingt-cinq minutes avant de constater que le c÷ur était effectivement arrêté", dit-elle. (Gérard Bon et Marion Douet, édité par Guy Kerivel)