par Eric Salliot

MELBOURNE, 13 janvier (Reuters) - Tête de série numéro 11, Marion Bartoli aborde l'Open d'Australie, lundi, avec un mélange d'excitation et d'appréhension car Melbourne lui a rarement souri.

En onze participations, la Française n'a gagné que treize matches. A l'exception de l'édition 2009, où elle s'était hissée en quart de finale, elle a toujours échoué très tôt.

Le sort ne l'a pas épargnée avec un premier tour dangereux face à l'Espagnole Anabel Medina Garrigues, 48e mondiale et très en vue à Perth, en début d'année, où elle a porté l'Espagne vers le succès en Hopman Cup.

"Il y a peut-être des joueurs qui ont des recettes magiques car ils arrivent à tout de suite très bien jouer mais moi, je n'ai rien trouvé", avoue Marion Bartoli.

"Mais je suis assez ambitieuse donc j'ai envie de réaliser de grandes choses. Cela passe par énormément de travail, d'implication, de remise en question et d'envie. Après, il y a toujours un petit facteur chance dans un tournoi du Grand Chelem et il faut arriver à le provoquer."

La meilleure joueuse française a conscience que Victoria Azarenka, Maria Sharapova et Serena Williams sont les grandes favorites du tournoi féminin. "Il y a de grandes chances qu'on les retrouve dans le dernier carré", dit-elle.

Un pronostic qui la condamne théoriquement à s'arrêter en quart de finale puisqu'elle a rendez-vous avec la Russe à ce stade de la compétition.

FED CUP: ÇA POURRAIT SE DÉBLOQUER

Après l'Open d'Australie, l'Open GDF-Suez, à Coubertin, constituera le deuxième gros objectif de ce début de saison. En revanche, pas de Fed Cup au programme dans la foulée.

"On a beaucoup discuté avec Amélie Mauresmo (ndlr, la nouvelle capitaine de l'équipe de France) mais on reste bloquées sur le système de fonctionnement de équipe, qui n'est pas compatible avec le mien", dit Marion Bartoli.

Elle révèle cependant que tout pourrait évoluer par la suite: "Ce qui change, c'est qu'Amélie a le raisonnement suivant: 'Si on ne s'en sort pas avec ce système, on est prêt à repenser complètement la situation'. Ce qui n'était pas le cas auparavant."

Bartoli dit avoir "envie de reporter le maillot bleu".

"La seule fois où j'avais jouée, cela s'était terminé dans les larmes à Moscou. S'il y a un donc barrage décisif à jouer pour la descente (ndlr, 20 et 21 avril), il y aura une discussion. Attention, je n'ai pas d'amour propre: j'espère que les filles battront les Allemandes sur la terre battue de Limoges."

Résidente suisse comme Jo-Wilfried Tsonga et bon nombre de joueurs français, Marion Bartoli a livré son sentiment sur son statut d'exilée fiscale, jugeant "normal que les gens se posent des questions".

"Je sais que je suis privilégiée, je ne me plaindrai jamais. Mais il y a des réalités. Je paie des impôts en France mais je ne peux pas donner tout. En 2011, j'ai payé 100.000 euros d'impôts pour vingt-et-un jours de travail (à Roland-Garros et Strasbourg). Je trouve que c'est assez important."

Soulignant son statut de "travailleuse indépendante", elle rappelle que "les carrières sont courtes" et qu'il faut pouvoir "se mettre à l'abri". "Quand je vais arrêter ma carrière, il n'y aura plus personne qui viendra me faire un chèque à la fin du mois." (édité par Henri-Pierre André)