* Attaque rebelle du quartier de Jobar à l'est de Damas

* L'armée syrienne répond par d'intenses bombardements

* Rues désertes dans les secteurs proches des combats (Actualisé avec poursuite des combats et intensification des frappes aériennes)

par Ellen Francis et Suleiman Al-Khalidi

BEYROUTH/AMMAN, 20 mars (Reuters) - Les rebelles syriens ont lancé dimanche une offensive de grande ampleur qui les a menés près du coeur de la vieille ville de Damas, tandis que les forces gouvernementales syriennes répondaient par d'intenses bombardements des zones tenues par les rebelles.

Par cette offensive, rapportée par des témoins, la télévision publique syrienne, des rebelles et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les insurgés cherchent à alléger la pression de l'armée syrienne sur les zones qu'ils contrôlent dans l'est de la capitale.

Les rebelles modérés de l'Armée syrienne libre (ASL) et d'autres groupes djihadistes participent à l'offensive. Les combats sont concentrés dans les quartiers de Jobar et de la place des Abbassides, à deux kilomètres environ à l'est des murs de la vieille ville de Damas.

Selon la télévision publique syrienne, l'armée a repoussé une tentative d'infiltration des rebelles en les bombardant à l'artillerie, ce qui leur a infligé de lourdes pertes.

Selon l'OSDH, les obus des rebelles ont touché plusieurs quartiers et les avions de l'armée de l'air ont répondu en pilonnant le quartier de Jobar. Il y a eu au moins 30 raids et plusieurs centaines de missiles sol-sol ont visé les zones tenues par les rebelles.

Des témoins ont vu des chars de l'armée se déployer et l'infanterie patrouiller dans des quartiers à proximité.

"Les rues sont vides et l'armée a déployé des dizaines de soldats dans les rues. Les tirs de mortier en provenance de Jobar n'ont pas cessé", a déclaré un habitant du quartier voisin de Tijara, qui a souhaité rester anonyme.

La plupart des magasins ont fermé dans les secteurs proches des combats, tandis que la population fuyait, a ajouté un autre témoin.

De fortes explosions ont retenti dans le lointain tandis que la télévision publique diffusait en direct de la place des Abbassides, secteur habituellement très animé qui semblait avoir été déserté par les passants et le trafic urbain.

Avec la reprise d'Alep en décembre, l'armé syrienne a renforcé ses positions dans une grande partie du pays. Depuis, elle tente de faire plier la résistance à Damas et reprendre le contrôle total de la capitale après six années de guerre.

ALLÉGER LA PRESSION

L'armée et les milices qui la soutiennent tentent depuis des mois de reprendre la Ghouta orientale, la dernière grande place forte des rebelles près de Damas, sans succès majeur pour l'instant.

Les rebelles expliquent que l'attaque sur certains quartiers de Jobar, qu'ils ont contrôlés pendant un temps en 2013, est une réponse au terrain perdu à Kaboun et Barzeh, deux autres secteurs dans le nord de la capitale.

"C'est pour alléger la pression sur les rebelles, alors que le régime ne cesse de bombarder ceux qui sont avec nous", a déclaré via internet le chef rebelle, Abou Abdo, du groupe Failak al Rahman, affilié à l'ASL. Il s'agit, a-t-il précisé, de relier Jobar et Kaboun.

Dans le cadre de l'offensive, a-t-il ajouté, deux attentats suicide ont été menés par Tahrir al Cham, une coalition de groupes djihadistes structurée par le Front Fateh al-Cham, l'ex-affilié d'Al Qaïda en Syrie.

L'OSDH, qui suit quotidiennement le conflit syrien, rapporte pour sa part que les rebelles se sont emparés de plusieurs sites industriels et bâtiments entre Jobar et Kaboun après le lancement de leur attaque surprise.

Un responsable du groupe rebelle Ahrar al Cham explique que la prise de parties importantes de la zone industrielle qui a longtemps été pour l'armée syrienne une ligne de défense pour la capitale, pourrait être une aide pour pousser plus avant au coeur de la capitale dans les jours qui viennent.

Selon un autre combattant rebelle, l'avancée de l'armée syrienne au cours des deux derniers jours sur une route entre Kaboun et Barzeh a été un coup majeur. Plusieurs dizaines de milliers de personnes vivent dans ces deux quartiers assiégés.

La prise de cette route isolerait complètement Barzeh de Kaboun, explique Abou Abdoullah, combattant du groupe Failak al Rahman. Cela obligerait les rebelles à accepter des accords conclus dans d'autres parties de la Syrie visant à les évacuer vers le nord du pays.

"La prise de cette route isolerait complètement Barzeh et Kaboun avec une bande de sécurité autour", a commenté Abou Abdoullah.

Selon les rebelles, plusieurs groupes présents dans la Ghouta orientale, et notamment le puissant Djaïch al Islam, sont en train d'envoyer des renforts vers Jobar pour les épauler dans leur offensive. (Avec Kinda Makieh; Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)