"Russell a décidé de lancer en France son fonds Multi Asset rowth Strategy. Quelle est sa particularité ?
Nous avons une vue globale sur l'ensemble des classes d'actifs dans lesquels nous investissons : actions, obligations, matières premières, stratégies de performance absolue, stratégies long-short actions, stratégies de couverture sur les actions, stratégies thématiques (tels que les actifs tangibles).
L’approche vise à regrouper dans un seul véhicule des actifs qui permettent au mieux la valorisation de l'appréciation du capital sur le long terme.
Plus de 54 gérants contribuent à la performance du fonds. En cela il est totalement en architecture ouverte.

C'est un fonds de fonds de mandat ?
Oui. Sur une chacune des stratégies, par exemple, les actions américaines, la gestion est déléguée à un ou plusieurs gérants spécialisés sur un segment particulier du marché : value, small caps US, large caps US...
Cela nous permet de couvrir l'ensemble des spectres d'une seule classe d'actifs.

De quelle manière déterminez-vous les gérants que vous mandatez ?

Nous avons une équipe au niveau mondial de 53 analystes qui recherchent dans chaque classe d'actifs les gérants qui ont les meilleurs process d'investissement, qui génèrent la meilleure récurrence au niveau de la performance, qui ont la meilleure maitrise des risques et qui sont dans un environnement stable sur le plan réglementaire.
Nous pouvons avoir des gérants américains investis sur des actions européennes ou des gérants australiens investis sur des actions américaines.

Avez-vous des gérants émergents ?

Nous avons un gérant au Brésil (Jardim Botanico), en Chine (JKC Capital), en Inde (Quantum).

Y a-t-il une dynamique dans la sélection des gérants ?
Chaque fois que nous trouvons un gérant plus prometteur offrant une perspective de rendement plus importante pour une stratégie similaire, nous n'hésitons pas à opérer des changements.
Nous pouvons aussi faire évoluer les classes d'actifs qui composent le portefeuille.
Il y a environ 20-25% de turnover de nos gérants par an.
Y a-t-il des gérants qui sont là depuis la création du fonds ?
Oui. Nous détenons ainsi Kempen, un gérant néerlandais spécialisé sur les obligations corporate investment Grade. Nous détenons également Numeric par exemple, un gérant quantitatif spécialisé sur les actions européennes basé aux USA.

De combien de lignes se compose actuellement le fonds ?
D'une quinzaine de lignes, principalement des fonds de mandats.
Les encours sous gestion de la stratégie s’élèvent à 1,4 milliard d'euros, le fonds UCITS enregistré en France pèse 176 millions d’euros.
700 millions d'euros ont pu être collectés l'année dernière.
Pour le moment, les investisseurs sont essentiellement des institutionnels.
Le produit ayant été enregistré auprès de l'AMF, des particuliers vont pouvoir investir dedans.

En quoi consiste votre stratégie d’investissement actuelle ?

Nous avons un fort biais sur le crédit : obligations d’entreprises bien notées (investment grade ou IG) et obligations d’entreprises risquées (high yield ou HY). Celui-ci représente 25% du portefeuille (15% IG et 10% HY). Nous sommes surtout sur les Etats-Unis et les pays émergents (dette d'Etat).

Les actions représentent 52% du portefeuille contre 56% à l’été 2012. Nous avons une forte conviction sur les actions des marchés émergents qui composent environ 8% du portefeuille. Nous sommes particulièrement confiants sur les actions chinoises.
Les actifs tangibles constituent également une poche importante. Ces sont des actifs cotés dont la détention est liée à un bien que l'on peut physiquement toucher (matières premières, immobilier, infrastructures (autoroutes, hôpitaux, concessions...).
Nous sommes investis dans des stratégies de performance absolue à hauteur d’une quinzaine de pourcents. 8% du portefeuille est placé dans les matières premières.
Nous n’avons pas du tout de cash dans le portefeuille.

Comment expliquez-vous la réduction de votre exposition aux actions ?
Nous pensons que le rallye a été trop rapide.
Nous avons pris des profits sur certains segments, comme l’immobilier coté.

Quid de votre allocation dans les actions américaines et les actions européennes ?
Nous avons diminué notre positionnement sur les actions américaines. Nous sommes d’avis que les anticipations des bénéfices des entreprises américaines sont optimistes. Nous devrions avoir quelques déceptions. La problématique du fiscal cliff n’a pas été réglée. D’importantes questions demeurent autour des coupes des dépenses et du relèvement du plafond de la dette.
Nous sommes quasi neutres sur les actions européennes. Nous sommes partagés entre deux sentiments : d’un coté le risque systémique a été écarté grâce à l’intervention du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi ; d’un autre coté les données économiques sont mauvaises et des répercussions négatives sont à escompter des politiques d’austérité menées par les gouvernements des pays européens.

Envisagez-vous de faire évoluer votre allocation ?
Nous avons la volonté de continuer à amoindrir notre positionnement sur les actions. Les indicateurs techniques plaident en faveur d’une consolidation. Des incertitudes concernant les discussions budgétaires aux Etats-Unis et les élections en Italie devraient peser.

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