PARIS (Reuters) - La candidate du Rassemblement national à l'élection présidentielle en France, Marine Le Pen, a déclaré mardi à Reuters qu'elle "tend[ait] la main" à sa nièce Marion Maréchal, qui a choisi le camp du fondateur de Reconquête Eric Zemmour, ce que sa tante considère comme un "gâchis".

"Elle a fait le choix de rejoindre Eric Zemmour. Je le regrette. Je pense que c'est un gâchis", a déclaré Marine Le Pen lors d'un entretien à son siège de campagne.

"Mais j'ose espérer qu'elle arrivera à rebondir après", a-t-elle ajouté. "J'espère qu'elle constatera qu'elle s'est trompée et qu'elle reviendra combattre avec ceux qui ont la capacité efficace, immédiate, d'agir."

A la question de savoir si elle lui tendait la main, Marine Le Pen a répondu : "Bien sûr. Mais je tends la main à tous les patriotes (...) Qu'ils viennent de droite, qu'ils viennent de gauche. Je veux faire un gouvernement d'union nationale. Je veux qu'on se mette tous ensemble pour dire 'voilà, la Nation, c'est le cadre le plus protecteur. Comment est-ce qu'on fait pour préserver cette Nation, pour la renforcer et pour redonner au peuple souverain la maîtrise de son destin.'"

Lors d'un meeting au Trocadéro, dimanche, Eric Zemmour a qualifié de "socialiste" le programme économique de Marine Le Pen et invité certains ténors de la droite à le rejoindre, dont le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.

"NE JAMAIS DIRE JAMAIS" EN POLITIQUE

Des "propos d'estrade" de la part d'un candidat qui a "une vision datée de la France, mais aussi une vision datée de la vie politique française", a réagi Marine Le Pen.

"Tout ça n'a ni queue ni tête. Ce sont des propos d'estrade", a-t-elle dit.

"En fait, il est le pendant de Jean-Luc Mélenchon", a-t-elle poursuivi en référence au candidat de l'Union populaire, qui espère comme elle accéder au second tour. "Ils rêvent tous les deux de recréer ce clivage gauche-droite dont je pense qu'en fait, il a disparu au fur et à mesure du temps."

Ce clivage a selon elle été remplacé par celui "entre les mondialistes et les nationaux".

Interrogée sur son avenir politique, Marine Le Pen n'a pas écarté l'idée d'une autre candidature à la magistrature suprême, estimant qu'il ne faut "jamais dire jamais" en la matière.

"D'abord je me mets quand même dans une situation de gagner", a dit la candidate, qui est aussi députée du Pas-de-Calais. "Je dis 'a priori oui je ne serai pas à nouveau candidate'. Mais vous savez, en politique, il ne faut jamais dire jamais. Et parfois l'Histoire a plus d'imagination que nous. Mais j'ai également dit que je serais toujours là pour me battre aux côtés du peuple français. Je ne sais pas à quel poste, je ne sais pas dans quel mandat, je sais pas à quelle responsabilité. Là où, a priori, je serai la plus efficace."

A l'approche du premier tour de scrutin, le 10 avril, les instituts de sondages annoncent Marine Le Pen finaliste aux côtés du président sortant Emmanuel Macron, dont l'avance s'effrite.

(Reportage Elizabeth Pineau et Michel Rose, édité par Matthieu Protard)