LONDRES, 22 janvier (Reuters) - Voici les grands thèmes qui risquent de s'imposer aux traders et aux investisseurs dans la semaine qui vient:

1/ QUELS ACTIFS VONT SE DÉGONFLER ?

Les marchés d'actions connaissent un élan d'enthousiasme depuis quelques semaines: malgré la crise de la dette en zone euro, l'indice paneuropéen Eurostoxx 50 et le Standard & Poor's 500 américain ont gagné plus de 4% depuis le 1er janvier. Mais cela n'a pas été un jeu à somme nulle entre actions et obligations, puisque le Bund allemand est parvenu à se maintenir dans le même temps. Cela a déréglé la corrélation négative qui existait jusqu'à octobre-novembre entre les actions et le Bund, valeur refuge de référence dans la zone euro. Face à des conditions de crise, cette relation s'est généralement rétablie rapidement ces derniers mois. La question est la suivante: quelle classe d'actifs va se dégonfler lorsque les choses reviendront à la normale ?

* Graphique de la performance des différents actifs en 2012 http://link.reuters.com/nyw85s

2/ PRÉCÉDENT REDOUTÉ

La Grèce et ses créanciers privés ont entamé une course contre la montre pour trouver un accord acceptable par les deux parties afin de restructurer la dette d'Athènes et de permettre le versement de la prochaine tranche du plan d'aide à temps avant d'importants échéances d'emprunts grecs en mars. Le diable se niche souvent dans les détails et même dans le scénario le plus optimiste, le processus reste cerné de menaces aux yeux des investisseurs - notamment du fait du risque de contestation de l'accord devant la justice. Alors que le verdict de l'International Swaps and Derivatives Association (ISDA), qui a le dernier mot pour juger du déclenchement ou non des credit default swaps (CDS), dépendra de la nature de l'accord, les agences de notation ont d'ores et déjà estimé que toute perte subie par les créanciers, qu'elle soit volontaire ou non, entraîneraient un défaut sélectif ou restreint.

Les investisseurs s'inquiètent du précédent que le cas grec pourrait créer pour d'autres pays périphériques européens, ce qui s'est vu nettement sur le marché de la dette et des CDS portugais. Le Portugal, qui a vu la semaine dernière sa note abaissée en catégorie spéculative ("junk") par Standard & Poor's, a vu ses coûts de financement grimper à des niveaux qui devraient retarder encore son retour sur le marché primaire. Cela garantit un contexte agité pour la réunion des ministres des Finances de la zone euro lundi.

* Grèce-Dallara (Ifi) reste optimiste sur l'issue des tractations

3/ LE TEST DU LONG TERME

Les pays de la zone euro ont réussi leurs émissions de dette ces derniers jours malgré les inquiétudes persistantes autour des finances des Etats concernés et l'abaissement massif (quoique attendu) de leurs notes de crédit par Standard & Poor's. Les agences d'émission de dette ont préféré ces derniers temps adjuger plutôt des emprunts à court terme et reste à savoir si les banques, qui ont été inondées de liquidités par la Banque centrale européenne (BCE) lors de son opération inédite de refinancement à trois ans, afficheront un même appétit pour les obligations à long terme.

La semaine devrait toutefois être plutôt calme en terme d'émissions et l'adjudication de Bunds à 30 ans, mercredi, devrait montrer combien les investisseurs souhaitent avant tout préserver leurs capitaux: le coupon du papier allemand à 30 ans est de 3,25%, soit le rendement des obligations françaises à 10 ans sur le marché secondaire. Sauf coup de tonnerre en Grèce, les investisseurs auront par ailleurs le temps de regarder en détail le communiqué final de la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine pour y déceler des indices en vue d'un assouplissement quantitatif additionnel.

* Graphique sur les perspectives d'émissions souveraines en zone euro: http://r.reuters.com/gev45s

4/ VERRE À MOITIÉ PLEIN - POUR LE MOMENT

Les marchés d'actions viennent de signer des plus haut de cinq mois de part et d'autre de l'Atlantique. Mais certains analystes estiment que ce bon début d'année reflète davantage le fait que les gérants de fonds ont reçu de l'argent frais pour investir plutôt qu'une amélioration de la crise en zone euro et du contexte économique mondial. Toute poursuite de l'embellie sur les Bourses européennes est conditionnée par le règlement de certains problèmes de court terme, comme les négociations en Grèce (voir point 2/ ci-dessus).

En l'absence de douche froide sur ces questions-là, les investisseurs vont passer au crible les fondamentaux d'entreprises très tournées vers l'international comme Anglo American, Novartis, Nokia et STMicro pour voir dans quelle mesure leur exposition étrangère leur a permis d'échapper à la morosité européenne.

* Les marchés s'essaient à nouveau au risque après le blues de 2011

5/ NOUVEAU FRONT POUR TOKYO ?

Le recul de la parité euro/yen à un plus bas de 11 ans conduit les cambistes à envisager la possibilité d'une intervention des autorités japonaises sur un front qui n'est habituellement pas la principale priorité de Tokyo. Les dirigeants européens, eux, semblent loin de considérer la baisse de l'euro comme un problème. La volatilité à un mois sur l'euro/yen est restée globalement stable ces dernières semaines et est bien en-deçà de son pic autour de 20% en septembre - signe que le marché des options sur devises ne s'attend pas à de violentes fluctuations sur cette parité. (Swaha Pattanaik, Jean Décotte pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Novartis AG, Anglo American plc, Nokia Oyj, STMICROELECTRONICS