Sydney (awp/afp) - La première banque australienne, la Commonwealth Bank of Australia (CBA), a été renvoyée mardi devant la justice par le régulateur australien qui l'accuse de manipulations de taux interbancaires, une affaire qui a touché plusieurs autres établissements du pays.

Les principales banques australiennes, qui réalisent la plupart du temps des milliards de dollars de bénéfices, sont dans la ligne de mire des pouvoirs publics à la suite d'une série d'affaires présumées de fraude et de manipulations.

Des enquêtes avaient aussi été lancées par la Commission australienne des valeurs et investissements (ASIC), le régulateur, contre ANZ et ses concurrentes Westpac et NAB pour de possibles manipulations entre 2010 et 2012 du BBSW, un taux interbancaire de référence qui sert à fixer le prix de produits financiers tels que les obligations et les prêts.

Après deux années d'investigations, l'ASIC a saisi mardi la cour fédérale, accusant la CBA d'avoir eu "un comportement scandaleux" et de s'être livrée à des "manipulations sur les marchés".

L'ASIC accuse la CBA d'avoir agi trois fois en 2012 "avec l'intention d'influencer le taux du BBSW pour maximiser ses profits ou minimiser ses pertes au détriment de ceux ayant des positions opposées à celles de la CBA".

Dans un communiqué, la CBA affirme avoir "pleinement coopéré" avec l'enquête, mais "conteste les allégations de l'ASIC". Son titre a clôturé en baisse de 0,13% à 79,09 dollars australiens.

Mis en cause pour manipulations des taux interbancaires, l'ANZ et la NAB ont décidé de transiger, réglant l'affaire contre 50 millions de dollars australiens. Le cas de Westpac demeure devant le tribunal.

La Commonwealth Bank, premier prêteur d'Australie et sa première entreprise par la capitalisation boursière, a par ailleurs été assignée en justice début août par le service du renseignement financier Austrac pour violations "graves et généralisées" de la loi.

Celui-ci l'accuse d'avoir contrevenu 53.700 fois à la loi sur le blanchiment, en particulier avec ses automates de dépôts d'espèces.

L'Austrac a alourdi le dossier de la CBA le mois dernier en l'accusant d'avoir manqué à ses obligations en matière de contrôle des financiers présumés du terrorisme.

L'annonce des poursuites de l'ASIC intervient au lendemain de celle du remplacement de son directeur général Ian Narev par Matt Comyn, chef de sa division "banque de détail". M. Narev cédera son poste à la fin de l'exercice 2018.

Face au tollé suscité par les révélations des méfaits présumés des établissements bancaires, le gouvernement australien a annoncé en 2016 un durcissement de la loi sur les manipulations d'indices financiers, désormais passibles de poursuites pénales.

Le secteur financier international a été traversé ces dernières années par des scandales liés à des accusations de manipulation du taux interbancaire Libor ou des marchés des changes. De grandes banques ont écopé de milliards de dollars de pénalités.

afp/al