(Actualisé avec meeting à Cleveland §§13-14)

par Maria Caspani, Julia Harte et Ned Parker

MACON, Géorgie/CLEVELAND, Ohio, 5 novembre (Reuters) - Pour une partie des Américains, les élections de mi-mandat seront mardi un référendum sur la personnalité clivante de Donald Trump mais pour ses partisans, ce scrutin sera l'occasion d'exprimer leur soutien à un président qui défend leur mode de vie.

Peu importe les déclarations incendiaires, les accusations sans preuve et les insultes, Donald Trump est vu par ses défenseurs comme un dirigeant assiégé par la presse et par les démocrates quand il ne s'agit pas de l'Etat profond, cette collusion de hauts fonctionnaires qui défendrait les intérêts des élites.

Pour ces électeurs, souvent blancs et conservateurs, les débordements verbaux de Donald Trump sont le prix à payer pour en finir avec le politiquement correct qui entrave, selon eux, la liberté d'expression.

"Il dit les choses comme elles sont. Il redonne du travail aux gens", affirme Barbara Peacock, 58 ans, une habitante de Macon en Géorgie, retraitée de la Poste.

Donald Trump, explique-t-elle, a amélioré sa vie et la situation des Etats-Unis. Les idées qu'il défend - rendre sa grandeur à l'Amérique ou construire le mur à la frontière avec le Mexique - doivent devenir les thèmes dominants de la vie politique américaine pour les prochaines décennies, souhaite-t-elle.

"Nous vivons bien aujourd'hui", estime Chad Lavery, un habitant de Johnson City, dans le Tennessee, selon lequel l'amélioration du marché du travail et la hausse des salaires sont à porter au crédit de Trump.

Cette embellie économique, dont le président revendique la paternité exclusive, était déjà en bonne voie avant son arrivée à la Maison blanche.

Que 52% des Américains désapprouvent sa politique et son style à la veille du scrutin ne décourage pas ses fidèles qui rêvent de voir l'histoire se répéter après sa victoire inattendue en 2016.

Ces midterms sont déterminantes pour imposer la vision que Donald Trump porte des Etats-Unis, rappelle Ben Hirschmann, 23 ans, militant de Grand Rapids dans le Michigan.

"Trump n'est pas candidat mais il est quand même candidat. Tout ce pour quoi nous avons voté en 2016 est en jeu en 2018", explique-t-il au quartier général du candidat républicain pour les sénatoriales John James.

"RÉSOUDRE LES PROBLÈMES QUI NOUS METTENT EN COLÈRE"

La stratégie de Donald Trump est simple pour ces élections : mobiliser sa base sur la question de l'immigration en se servant de la caravane de migrants qui traverse actuellement le Mexique et vanter son bilan économique en présentant les démocrates comme une "bande" dangereuse qui ruinerait le pays.

Lors d'un rassemblement lundi à Cleveland, Ohio, le président américain a demandé aux militants venus en nombre l'écouter: "Vous pensez que nous allons laisser entrer cette 'caravane' dans notre pays ?", ce à quoi ces derniers ont répondu en choeur: "Non !"

Après l'Ohio, Donald Trump devait se rendre ensuite dans deux autres Etats du Midwest: l'Indiana et le Missouri.

Impossible de dire si cette tactique, qui est une réplique de celle qui lui a permis de l'emporter en 2016, est efficace tant les enquêtes d'opinion se montrent désormais prudentes et prévoient des scrutins extrêmement serrés.

Depuis qu'il s'est impliqué personnellement dans la campagne, Trump a concentré en priorité ses efforts sur la défense de la majorité républicaine au Sénat et sur les élections des gouverneurs dans des Etats pivots comme en Géorgie ou en Floride.

"Les données et les résultats des sondages nous indiquent où le président est le plus utile", note un de ses conseillers.

A Springfield, le message et le style de Trump trouvent un écho très fort parmi l'électorat qui participa en 2009 et 2010 au mouvement du "Tea Party", vague spontanée de mécontentement contre l'administration Obama et la réforme de l'assurance pour la santé.

Brenda Webb et cinq de ses amis se retrouvent pour un dîner dans cette banlieue de Saint-Louis. La conversation roule sur la baisse des impôts, la dérégulation et une limitation des compétences du gouvernement fédéral.

La discussion s'anime lorsque revient sur la table le sujet de la restitution au peuple du pouvoir confisqué par les "élites" de Washington.

"On a le sentiment qu'il (Trump) travaille à résoudre tous les problèmes qui nous mettent tellement en colère", affirme Brenda Webb.

Mandi Merritt, porte-parole du Comité national républicain, juge que les partisans de Trump forment une "armée de terrain" qui doit être déployée et utilisée pour inciter les électeurs à se rendre aux urnes.

Selon les projections des instituts de sondage, la mobilisation des deux camps est telle qu'un record de participation pourrait être atteint pour ces midterms. (avec Roberta Rampton à Cleveland; Pierre Sérisier pour le service français et Arthur Connan, édité par Tangi Salaün)