ISTANBUL, 4 juin (Reuters) - La contestation antigouvernementale en Turquie a eu pour conséquence un phénomène que personne n'aurait imaginé : réunir les supporters des trois principaux clubs de football d'Istanbul qui n'hésitent pas à s'affronter parfois de manière violente lors des matches de championnat.

Des supporters du Besiktas, de Galatasaray et de Fenerbahçe ont décidé de faire front commun depuis le début des manifestations contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, voilà cinq jours.

Une photo de trois supporters, portant chacun le maillot de son club fétiche et se tenant bras dessus bras dessous, a été publiée sur Twitter et Facebook avec comme légende: "Tayyip, connais-tu Istanbul United ? Depuis le 31 mai 2013".

"D'habitude, nous sommes ennemis, mais cela nous a vraiment rassemblés. Cela n'était jamais arrivé auparavant", a expliqué Mert Gurses, un étudiant de 18 ans, portant une écharpe noire et blanche, les couleurs du Besiktas.

Une ambiance de soir de match était d'ailleurs perceptible parmi les jeunes manifestants qui se sont rassemblés ces derniers jours sur la place Taksim dans le centre de la ville.

Les supporters chantaient et sautaient en cadence tandis que d'autres sifflaient en direction des hélicoptères de la police surveillant la scène depuis le ciel.

"Il est clair que si les manifestations du parc Gezi n'aboutissent à rien d'autre, elles auront au moins ramené la paix dans le football", écrit un spécialiste sportif dans le journal Radikal.

Il ajoute que l'influence des supporters turcs rappelle celle des supporters des clubs d'Al Ahli et de Zamalek au Caire lors des manifestations sur la place Tahrir en 2011. (Daren Butler; Pierre Sérisier pour le service français) ;))