L’indice S&P 500 est attendu à 4 200 points en fin 2023, selon le traditionnel sondage réalisé par Reuters en fin d'année auprès de gérants et analystes et publié fin novembre. L’EuroStoxx50 devait pour sa part rester stable l’année prochaine après avoir connu un trou d’air de 8% d’ici la mi-2023.

Cette année, l'augmentation de l'inflation et la hausse des taux d'intérêt ont pesé sur les valorisations des sociétés, affectant en particulier celles des valeurs technologiques. " La baisse des marchés s'est faite par la compression des multiples " de valorisation, rappelle Optigestion.

Les résultats des entreprises ont en revanche surpris par leur résistance, limitant le repli des Bourses, mais pour combien de temps encore étant donné la dégradation de la situation économique ? L'Europe est en récession ou sur le point de l'être et la santé économique des Etats-Unis se détériore, ainsi que l'on montré plusieurs statistiques récentes.

" Les conditions économiques se détériorent en cette fin d'année 2022, avec une chute brutale de l'indice PMI indiquant une contraction du PIB au quatrième trimestre à un taux annualisé d'environ 1,5 % ", prévenait mi-décembre, S&P Global.

" Les anticipations de bénéfices des entreprises (des analystes financiers) nous paraissent optimistes (+7% de croissance si l'on exclut les secteurs de l'énergie et des matières premières) et ne semblent pas intégrer de réelle récession ", explique Alexandre Narboni, gérant et analyste actions internationales de Comgest.

" Le marché devra s'ajuster suite à ces nouveaux chiffres revus à la baisse ", prévient Adrian Brass, gérant principal du fonds Artemis Funds (Lux) – US Extended Alpha.

Pour Steven Bell, économiste en chef de Columbia Threadneedle Investments pour la région EMEA, " la fin du marché baissier n'est certes pas loin, mais une baisse de 10 % est réaliste ". " Cela pourrait constituer une opportunité d'achat, car nous pensons que la récession sera de courte durée et douce ".

Des Banques centrales toujours sur le devant de la scène

Pour autant, les Banques centrales continueront à imprimer leur marque sur la tendance des marchés actions. En 2022, les investisseurs ont été pris à contrepied à deux reprises par la détermination des Banques centrales à lutter contre l'inflation. Lors de sa dernière réunion de l'année, la Fed a guidé les intervenants vers un taux terminal supérieur à 5%.

Luke Bartholomew, économiste senior chez abrdn, continue d'envisager une fourchette pour le taux cible plus basse, entre 4,75 % et 5 %, car il pense que l'économie sera en récession avant que la Fed ne puisse relever sensiblement les taux.

Le responsable de la stratégie chez JPMorgan, Marko Kolanovic, met en garde sur le fait que les Banques centrales sont susceptibles de provoquer des turbulences sur les marchés et d'être ensuite contraintes de faire marche arrière. " Nous nous attendons à ce que les points bas observés cette année sur les marchés d'actions soient à nouveau testés par le S&P 500 au début de l'année prochaine ", explique-t-il.

Alors que le potentiel de hausse des Bourses en 2023 est jugé modeste par de nombreux investisseurs, " une raison de ne pas être plus optimiste est qu'une reprise modeste des marchés d'actions semble être une opinion assez largement partagée ", explique pour sa part Andrew Millington, responsable de la recherche actions chez abrdn. " Au fil des ans, nous avons appris qu'il est toujours utile d'être sceptique à l'égard de l'opinion générale. " conclut-il.