par Alexander Dziadosz et Ulf Laessing

LE CAIRE, 19 juillet (Reuters) - Des milliers de partisans de Mohamed Morsi sont descendus vendredi dans les rues des villes d'Egypte pour exiger le rétablissement dans ses fonctions du président islamiste, destitué par l'armée égyptienne le 3 juillet.

Dans l'autre camp, le mouvement Tamarod (Rébellion), anti-Morsi, n'a pas réussi à mobiliser beaucoup de monde vendredi.

Les forces armées ne semblent en aucun cas enclines à des concessions et elles ont fait une démonstration de force dans le ciel du Caire. Huit chasseurs ont survolé la capitale dans la matinée puis dans l'après-midi, tandis que deux formations d'hélicoptères, avec pour certains un drapeau égyptien flottant derrière eux, passaient au-dessus des toits.

Agitant leurs propres drapeaux égyptiens et brandissant des portraits de Mohamed Morsi, les partisans des Frères musulmans, le mouvement du président déchu, ont défilé dans les rues du Caire, d'Alexandrie et de plusieurs autres villes du delta du Nil, dénonçant ce qu'ils considèrent comme un "coup d'Etat militaire" mené le 3 juillet par le général Abdel Fattah al Sissi contre le premier président démocratiquement élu d'Egypte.

Les militaires ont empêché les manifestants de s'approcher des installations de l'armée, et quelques échauffourées sans conséquence ont été signalées. Les soldats ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants aux abords du palais présidentiel au Caire, rapporte l'agence de presse officielle Mena.

"Nous suivons la progression des cortèges et nous nous tenons prêts à parer à toute éventualité ou à toute escalade", a dit un responsable de l'armée.

PILLAY DEMANDE DES EXPLICATIONS

Depuis le 3 juillet, les violences ont fait au moins 99 morts, dont une cinquantaine quand l'armée a ouvert le feu sur des partisans de Morsi rassemblés le 8 juillet devant une caserne de la Garde républicaine dans la banlieue du Caire.

A Genève, Navi Pillay, haut commissaire de l'Onu pour les droits de l'homme, a demandé que l'armée égyptienne s'explique sur les raisons de la mise en détention du président déchu. Elle veut également envoyer une équipe au Caire pour s'informer sur les violences et les méthodes utilisées par les militaires.

L'armée affirme n'avoir fait que répondre aux exigences de la population en déposant un chef d'Etat incompétent et de plus en plus contesté.

Le nouveau gouvernement par intérim, dirigé par l'économiste libéral Hazem el Beblaoui, ne comprend aucun islamiste.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui était vendredi en Jordanie, a téléphoné au nouveau ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, et a souhaité le succès de la période de transition.

Jeudi soir, lors de sa première allocution depuis sa prise de fonction le 4 juillet, le président par intérim Adli Mansour a promis de combattre tous ceux qui chercheraient à déstabiliser le pays. (Avec Maggie Fick et Yasmine Saleh; Guy Kerivel et Eric Faye pour le service français)