par Juan Lagorio

Même s'il est difficile d'évaluer précisément les pertes à venir, ces dernières pourraient se monter à 70 milliards de dollars (50,3 milliards d'euros) pour l'ensemble du secteur.

Jamais auparavant le consommateur américain n'avait été aussi endetté. Selon des chiffres de la Réserve fédérale, l'encours et les frais à régler aux sociétés de cartes de crédits était évalué en octobre à 1.000 milliards de dollars, soit une hausse de plus d'un quart depuis 2003.

Ce montant vient s'ajouter aux 10.540 milliards de dollars de crédits immobiliers souscrits par les ménages américains.

Autre facteur de difficulté, le taux de chômage, qui a déjà atteint un plus haut de 15 ans, devrait retrouver son niveau des années 1980, époque où les cartes de crédits n'étaient pas aussi répandues.

"Sur bien des aspects, nous sommes en zone inconnue", commente John Williams, analyste chez Macquarie Research.

Les pertes sur le crédit sont devenues la migraine de groupes tels que Citigroup, Bank of America, American Express ou Discover Financial Services, qui ont vu leurs actions chuter jusqu'à 80% en 2008.

DURCISSEMENT DE L'ACCÈS AU CRÉDIT

Les difficultés rencontrées par cette industrie n'ont pas laissé le gouvernement insensible. En octobre et novembre, Citigroup a reçu 45 milliards de dollars d'argent public tandis que Bank of America en a reçu 25 milliards.

American Express, qui va se muer en holding bancaire, récupérera pour sa part 3,4 milliards de dollars puisés dans le Troubled Asset Relief Program (Tarp).

Afin de se prémunir contre d'énormes pertes potentielles, les organismes de cartes de crédits tendent de trouver la parade, à commencer par un durcissement des conditions de crédit.

"Nous avons du mal à voir le bout du tunnel", reconnait John Williams.

Selon les analystes de Citigroup, plus d'un quart des portefeuilles des cartes de crédits de Citibank, Bank of America, Capital One sont constitués de subprimes et risquent de se traduire par davantage de pertes.

Dans le même temps, American Express est très exposé aux remous des marchés financiers et fait face à de nombreux défauts de paiement en Floride et en Californie, tandis que JPMorgan doit absorber les pertes de Washington Mutual.

Ensemble, ces six groupes représentent 90% des encours de dettes américains.

Citigroup et American Express ont prévenu qu'elles allaient restreindre les conditions d'accès au crédit.

Les pertes déjà annoncées par les groupes de cartes de crédits sont colossales. Discover a ainsi fait état d'une perte supérieure aux attentes lors des trois derniers mois de son exercice.

Le groupe a quasiment doublé le volume des provisions destinées à couvrir les pertes de crédits, et les analystes pensent que ses concurrents devraient en faire autant lors des trimestres à venir.

"La situation a évolué très rapidement ces deux derniers mois. Le pire est sans doute à venir pour 2009, mais pour l'instant je n'en sais rien", a dit à Reuters David Nelms, directeur général de Discover.

Version française Nicolas Delame