par Sabine Siebold et Matthias Blamont

L'A400M, plombé par des retards et des dérapages budgétaires estimés à 55% de son prix initial, est désormais au centre d'une négociation difficile destinée à définir les modalités futures du partage de ses surcoûts entre le groupe européen d'aéronautique et de défense, maison mère d'Airbus, et les sept pays de lancement: France, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie.

Une source proche des discussions a déclaré mardi que le gouvernement allemand envisageait d'accorder des garanties d'Etat à EADS pour financer une partie des 11 milliards d'euros de dépassements de coûts identifiés à ce jour. A l'origine, le développement de l'avion était évalué à quelque 20 milliards d'euros pour 180 appareils.

La source a toutefois ajouté que les pays soutenant le projet pouvaient avoir des divergences sur les moyens de le faire aboutir. "L'objectif est le même mais les moyens de l'atteindre peuvent être complètement différents", a-t-elle dit à Reuters. De son côté, EADS s'est refusé à tout commentaire.

Des négociateurs ont souligné qu'un accord n'était envisageable qu'à la condition d'un engagement politique fort.

"La réunion d'aujourd'hui est essentiellement technique et il y en aura d'autres pour autant que de besoin. In fine, la décision sera politique et la prochaine réunion des ministres (de la Défense concernés, ndlr) est celle d'Istanbul (où se tiendra une réunion informelle de l'Otan les 4 et 5 février)", a indiqué une source proche de la partie française.

Le président Nicolas Sarkozy rencontrera la chancelière allemande Angela Merkel le 4 février et les deux dirigeants pourraient se réserver la primeur d'une annonce, a expliqué une autre source.

AVANCES

Certaines sources ont indiqué que d'éventuelles avances publiques seraient probablement remboursées au moyen de redevances prélevées sur des contrats de l'A400M à l'exportation.

Cette solution écarte une possible division de la commande d'appareils A400M en tranches, une alternative qui avait été avancée il y a quelques semaines sur l'exemple du modèle de livraisons de l'avion de combat européen Eurofighter.

Le dispositif d'avances remboursables appliqué aux programmes civils d'Airbus fait l'objet de critiques très vives de l'américain Boeing et les deux constructeurs s'affrontent devant l'Organisation mondiale du commerce sur le sujet.

Certains experts rappellent toutefois que les règles de l'OMC n'encadrent pas les programmes militaires.

L'action EADS a progressé de 0,39% à 14,01 euros mardi. A ce niveau de cours, sa capitalisation boursière totalise un peu plus de 11 milliards d'euros.

Avec la contribution de Tim Hepher, Sabine Siebold, Maria Sheahan et Sarah Marsh, Marc Angrand et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Marc Joanny