Les dirigeants de la France et de l'Allemagne ont appelé l'Union européenne à renoncer à sa nouvelle loi sur l'audit des chaînes d'approvisionnement, craignant qu'elle ne nuise à la compétitivité économique du bloc face aux États-Unis et à la Chine.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi que la loi, qui impose aux grandes entreprises du bloc de vérifier si leurs chaînes d'approvisionnement recourent au travail forcé ou causent des dommages environnementaux, devait être « retirée de la table ».

Ses propos interviennent dix jours après que Friedrich Merz, lors de sa première visite à Bruxelles en tant que chancelier allemand, a lui aussi réclamé l'abandon de cette loi.

La bureaucratie européenne fait l'objet de critiques croissantes alors que l'administration du président américain Donald Trump s'emploie à tenir sa promesse de campagne de déréglementation.

« De toute évidence, nous sommes désormais très alignés avec le chancelier Merz et d'autres collègues pour aller beaucoup plus vite, et (la loi sur les chaînes d'approvisionnement) ainsi que d'autres réglementations ne doivent pas seulement être reportées d'un an, mais bel et bien retirées de la table », a déclaré Emmanuel Macron devant des chefs d'entreprise réunis pour un sommet de l'investissement à Versailles.

Sous la pression de la France, qui a proposé en janvier de ralentir la mise en oeuvre des réglementations vertes et de repousser indéfiniment la CSDDD, la Commission européenne avait déjà proposé d'alléger la loi afin de réduire la paperasserie pour les entreprises européennes.

Mais avant les interventions de la France et de l'Allemagne, une abrogation totale n'était pas envisagée, selon des diplomates européens.

Dans sa version actuelle, la CSDDD imposerait à partir de 2027 aux entreprises l'obligation de détecter et de corriger les problèmes de droits humains et d'environnement dans leurs chaînes d'approvisionnement.

Les pays de l'UE négocient actuellement les modifications proposées à cette politique et espéraient parvenir à un accord dans les prochains mois.

L'élection en février dans la plus grande économie d'Europe, qui a porté au pouvoir l'économiste libéral Friedrich Merz en Allemagne, a toutefois modifié le ton du débat.

Merz, auteur du livre « Plus de courage pour le capitalisme » paru en 2008 et fort de plusieurs années dans le secteur privé, milite pour une réduction de la bureaucratie en Allemagne et au sein de l'UE.

Il reste cependant incertain qu'il s'agisse de la position officielle du gouvernement allemand, compte tenu des divergences au sein de la coalition entre les conservateurs de Merz et les sociaux-démocrates du SPD.

La coprésidente du SPD a rappelé que le traité de coalition entre les deux partis prévoit la suppression de la loi allemande sur l'audit des chaînes d'approvisionnement, mais le maintien d'une version réformée au niveau européen.

« Ce n'est pas parce que le président français exprime son opinion que le SPD va changer de position », a déclaré mardi Matthias Miersch, président du groupe parlementaire SPD.

« Nous estimons qu'il est nécessaire de réglementer légalement les chaînes d'approvisionnement au niveau européen. »