Apple vient donc de revoir à la baisse les perspectives de ventes de sa nouvelle génération d’iPhone. Une telle situation ébranle non seulement toute la sphère économique de la société la plus chère du monde mais, par ricochet, l’ensemble de la planète finance. Le groupe dirigé par Tim Cook avait pourtant marqué l’histoire de Wall Street, en dépassant pour la première fois la barre symbolique des 1000 milliards de dollars en termes de capitalisation. Depuis cette euphorie, c’est plus de 25% qui se sont évaporés.

Cet ajustement, on le retrouve également sur Amazon, qui au cours des deux derniers mois, a cédé 30%. Certes, à ce jour, sa part de marché reste gigantesque puisqu’aux Etats-Unis, un achat en ligne sur deux se réalise au travers de la société présidée par Jeff Bezos. Néanmoins, les niveaux stratosphériques de sa valorisation militaient fortement pour un alignement. Cela s’est produit dès que les investisseurs ont commencé à exiger plus de visibilité sur l’année 2019. Ce type de comportement est assez courant en fin de cycle économique car les intervenants se montrent plus sceptiques vis-à-vis des perspectives, d’où les mouvements de replis violents.

Facebook et Alphabet n’ont pas échappé à ces prises de bénéfices intempestives. Si le spécialiste des réseaux sociaux se trouve attaqué de tous bords concernant ses fuites de données, Alphabet subit davantage le phonème d’allocations au cours duquel les gérants réduisent leur exposition aux valeurs technologiques. Dans ce cas, il n’est nullement question de valorisation ou de rentabilité mais d’application d’une thématique plus défensive.

Le Nasdaq 100 a donc perdu depuis son point haut de début octobre plus de 1200 points, soit près de 16%, faisant passer l’indice des valeurs technologiques dans le rouge sur 2018.  En se limitant aux GAFA, c’est l’équivalent de 1000 milliards de dollars qui sont partis en fumée.

De plus, les épargnants américains avaient jusqu'à fin novembre pour racheter, « demande de rédemption », leur position dans les hedge funds qui ont globalement souffert sur l’année. Ces derniers se sont retrouvés dans l’obligation de gérer des sorties de capitaux massives et comme ces fonds étaient largement investis sur les seuls moteurs réguliers de performances depuis plusieurs années (les GAFA), ils ont dû liquider des positions importantes sur les valeurs technologiques.

Les promesses de ces « poids lourds » de l’économie, ont longtemps paru quasi infinies. Or plusieurs éléments sont venus obstruer ces perspectives radieuses et remettre de la rationalité dans le comportement des investisseurs. A l’apparition d’éventuelles pressions réglementaires, tant du point de vue des données, que de la concurrence ou de la fiscalité, est venue se greffer la dépendance de ces entreprises à la croissance mondiale, en particulier via leurs activités de publicité et de commercialisation de données. Par conséquent, le fort repli actuel marque un ajustement de ces perspectives, qui se maintiennent dans l’excellence mais perdent de leur parcours « magique ».