DUBAI (Reuters) - Les Emirats arabes unis (EAU) ont annoncé lundi avoir intercepté un missile balistique tiré du Yémen par les rebelles houthis alors que la pétromonarchie du Golfe accueillait pour la première fois le président israélien, Isaac Herzog.

Les Etats-Unis ont condamné l'attaque, la troisième visant les Emirats en deux semaines et qui marque une nouvelle escalade du conflit au Yémen entre les Houthis, affiliés à l'Iran, et la coalition emmenée par l'Arabie saoudite et incluant les EAU.

Le missile a été intercepté, détruit, et ses débris sont tombés dans une zone inhabitée vers 00h20, a déclaré le ministère émirati de la Défense. Il n'a pas précisé si le projectile visait Abou Dhabi, la capitale des Emirats, ou Dubaï, son grand pôle économique et touristique.

Le président israélien se trouvait alors à Abou Dhabi, où il a eu des entretiens portant sur la sécurité et les relations bilatérales avec le prince héritier Mohamed bin Zayed al Nahyan.

"Au moment où le président d'Israël est en visite aux EAU pour bâtir des ponts et promouvoir la stabilité dans la région, les Houthis continuent de lancer des attaques qui menacent des civils", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain sur Twitter.

Isaac Herzog a poursuivi sa visite lundi à l'exposition universelle de Dubaï, où il a exprimé l'espoir que d'autres pays normalisent leurs relations avec l'Etat hébreu, comme l'ont fait les Emirats et Bahreïn en 2020 dans le cadre des "accords d'Abraham", promus par l'administration Trump de l'époque.

Côté houthi, le ministre de l'Information des rebelles a déclaré sur Twitter que le tir de missile visant les EAU constituait "un message de bienvenue pour les dirigeants de l'entité sioniste", une référence claire à la visite d'Isaac Herzog.

Le ministère de la Défense des Emirats a précisé que des avions de la coalition avaient détruit des lance-missiles au Yémen, où les forces emmenées par l'Arabie saoudite combattent les Houthis depuis bientôt sept ans.

Ce conflit considéré par de nombreux observateurs comme une "guerre par procuration" entre l'Arabie saoudite et l'Iran a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et menace aujourd'hui le Yémen d'une famine à grande échelle.

Les Emirats ont très fortement réduit leur implication militaire directe en 2019 mais continuent d'armer et de former les forces armées yéménites.

Le 17 janvier, les Houthis ont lancé une frappe sur Abou Dhabi, près de l'aéroport, qui a fait plusieurs morts et blessés, après plusieurs interventions au Yémen de milices appuyées par les Emirats sur la ligne de front où les rebelles chiites avaient progressé l'an dernier.

(Reportage Omar Fahmy et Mahmoud Mourad au Caire, Dan Williams à Jérusalem, avec Lilian Wagdy zet Alaa Swilam; version française Jean-Stéphane Brosse et Marc Angrand)

par Mahmoud Mourad et Alexander Cornwell