(Actualisé avec Jean-Marc Ayrault au §3)

MOGADISCIO, 14 janvier (Reuters) - Les miliciens islamistes somaliens d'Al Chabaab ont diffusé sur internet des photographies d'un cadavre qu'ils présentent comme le chef de l'opération d'exfiltration manquée de la DGSE pour libérer un otage français dont le sort reste incertain.

Les clichés ont été publiés lundi sur le compte Twitter de la milice islamiste, aux côtés d'un communiqué annonçant qu'un "verdict unanime" sera annoncé sous peu concernant Denis Allex, un agent de la DGSE enlevé en juillet 2009 à Mogadiscio.

Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a remercié les médias français de ne pas diffuser "ces images qui visent à dégrader les personnes qui ont été tuées".

Son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a réaffirmé la position des autorités françaises selon qui "tout laisse à penser" que l'otage a péri avec deux soldats français lors du raid manqué de la nuit de vendredi à samedi.

L'opération héliportée conduite par la Direction générale de la sécurité extérieure à Boula Marir, à 120 km au sud de Mogadiscio, s'est également soldée par la mort de 17 islamistes selon Paris.

Les photographies diffusées par les Chabaab montrent le cadavre d'un homme blanc en tenue de combat entouré de plusieurs fusils d'assaut et d'un gilet pare-balles.

Sur l'une des légendes accompagnant les clichés, on peut lire : "François Hollande, cela valait-il la peine ?"

Jean-Yves Le Drian avait dit s'attendre à une mise en scène "macabre et indigne" de la part des islamistes affiliés à Al Qaïda.

"PRECIEUSES INFORMATIONS"

D'après le récit fourni par les miliciens dans un communiqué, l'homme dont le cadavre a été pris en photo est le commandant du raid et il a succombé à des blessures par balles quelques heures après avoir dû être abandonné par ses camarades en raison de la violence des échanges de tirs.

Les Chabaab disent avoir obtenu de "précieuses informations" auprès du soldat avant son décès, ajoutant que son corps est toujours entre leurs mains.

Les islamistes ajoutent s'être entendus à l'unanimité sur un verdict concernant Denis Allex, qu'ils annonceront "dans les heures qui viennent".

Denis Allex a été enlevé avec un de ses collègues de la DGSE, Marc Aubrière, alors qu'il effectuait une mission officielle d'assistance auprès du gouvernement fédéral de transition. Marc Aubrière a pu s'échapper un mois plus tard.

L'otage, détenu dans des "conditions inhumaines" selon la France, est toujours "vivant et en bonne santé", a déclaré lundi le porte-parole des opérations militaires des Chabaab, Cheikh Abdiasis Abou Mousab.

Ailleurs en Afrique, la France s'est engagée militairement vendredi aux côtés de l'armée malienne pour enrayer la progression des islamistes qui tiennent le nord du pays, mais Paris souligne que les deux opérations sont dissociées.

La mission d'exfiltration en Somalie avait été décidée il y a un mois, lorsque les services de renseignement ont "su avec un maximum de certitude où se trouvait très précisément" Denis Allex, a dit Jean-Yves Le Drian dimanche.

Huit autres otages français sont détenus au Sahel. (voir ) (Amena Bakr, Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Gilles Trequesser)