par Max Hunder et Tom Balmforth

KYIV, 19 mai (Reuters) - Un soldat russe de 21 ans a demandé pardon jeudi à la veuve d'un Ukrainien qu'il est accusé d'avoir tué, au deuxième jour de son procès pour crime de guerre, le premier organisé par Kyiv depuis l'invasion du pays par l'armée russe le 24 février.

Vadim Chichimarine, qui commandait un char, a plaidé coupable mercredi du meurtre d'un civil de 62 ans sans arme le 28 février à Tchoupakhivka, un village du nord-est de l'Ukraine.

"Je reconnais ma responsabilité (...) Je vous demande de me pardonner", a-t-il déclaré jeudi à la veuve de sa victime, Katerina Chalipova, depuis le box vitré dans lequel il comparaissait, vêtu d'un survêtement, crane rasé et tête baissée.

Le Kremlin a déclaré ne disposer d'aucune information sur ce procès en expliquant que l'absence de représentation diplomatique en Ukraine limitait sa capacité à assurer une assistance juridique à l'accusé.

Lors de son audition par la cour, Katerina Chalipova a expliqué avoir entendu des tirs venant de son jardin le jour des faits. "J'ai couru vers mon mari, il était déjà mort. D'une balle dans la tête. J'ai crié, j'ai tellement crié", a-t-elle dit.

Elle a précisé que son mari n'était pas armé et qu'il était habillé en civil. Le couple avait un fils de 27 ans et deux petits-enfants.

Elle a déclaré qu'elle ne s'opposerait pas à un éventuel transfert de Vadim Chichimarine en Russie dans le cadre d'un échange de prisonniers si cela permettait le retour de "nos gars" pris lors du siège de Marioupol, en référence aux centaines de soldats ukrainiens qui se sont rendus aux troupes russes.

L'Ukraine dit avoir recensé plus de 10.000 cas possibles de crimes de guerre commis par la Russie depuis le début de l'invasion, alors que Moscou nie que son armée ait pris des civils pour cible ou ait participé à des crimes de guerre.

Vadim Chichimarine est accusé d'avoir, sur ordre, tiré plusieurs coups sur sa victime avec un fusil d'assaut depuis une voiture. Prié de dire s'il avait été contraint d'obéir à un ordre qui constituait un crime de guerre, il a répondu "non".

"J'ai tiré une courte rafale, trois ou quatre balles", a-t-il dit à la cour.

"Je viens de l'oblast d'Irkoutsk (en Sibérie-ndlr), j'ai deux frères et deux soeurs (...) Je suis l'aîné", a-t-il raconté.

L'accusé risque la prison à vie s'il est reconnu coupable.

(Reportage Max Hunder, version française Marc Angrand, édité par Kate Entringer)