David Richardson, récemment nommé à la tête de la Federal Emergency Management Agency (FEMA), a averti vendredi son personnel qu'il « passerait en force » face à toute résistance aux changements, annonçant dans la foulée la suspension immédiate de toute délégation d'autorité au sein de l'agence.
Richardson s'est exprimé au lendemain de sa nomination, succédant à Cameron Hamilton, directeur par intérim de la FEMA, limogé par la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, après avoir déclaré lors d'une audition au Congrès qu'il ne soutenait pas la suppression de l'agence.
Le président Donald Trump et Kristi Noem ont plaidé pour une réduction, voire une suppression de la FEMA, estimant que nombre de ses missions pourraient être prises en charge par les États. Cette position se traduit déjà par une diminution de l'aide fédérale lors de catastrophes.
Ancien officier d'artillerie des Marines et vétéran de combat, Richardson a insisté lors d'une réunion générale, émaillée de références à son parcours militaire, sur le fait que toutes les décisions, y compris celles concernant les dépenses, devraient désormais passer par lui.
« Je suis le seul à parler au nom de la FEMA. Je suis ici pour mettre en oeuvre la volonté du président concernant l'agence », a-t-il affirmé, lui qui occupait jusqu'ici le poste de secrétaire adjoint au bureau de lutte contre les armes de destruction massive au sein du DHS.
Debout derrière un pupitre et s'exprimant d'un ton déterminé, Richardson a estimé, fort de son expérience en matière de réformes, qu'environ 20 % des membres d'une organisation s'y opposent systématiquement.
« Brouiller les pistes, retarder, saper... Si vous faites partie de ces 20 % et pensez que ces tactiques vous aideront, détrompez-vous, car je vous passerai dessus », a-t-il lancé. « Ne vous mettez pas en travers de ma route... Je connais toutes les ficelles. »
Ce changement à la tête de la FEMA intervient alors que l'agence, chargée de coordonner la réponse fédérale aux catastrophes, aide actuellement les États et les collectivités locales à se préparer à la saison des ouragans, qui débute le 1er juin.
Sous la direction de Hamilton, la FEMA avait déjà engagé une réduction des coûts et un recentrage de sa mission. En avril, Hamilton avait adressé à la Maison-Blanche une note proposant de diminuer le rôle de l'agence dans la gestion des catastrophes, notamment en relevant le seuil d'accès à l'aide fédérale pour les États sinistrés.
Au cours de ses cent premiers jours, Donald Trump a rejeté plusieurs demandes d'aide majeure, émanant d'États aussi bien républicains que démocrates, lesquelles auraient été acceptées sous les précédentes administrations.
Richardson a précisé qu'il entendait recentrer les opérations de la FEMA sur les actions « conformes à la loi » et à la mission de l'agence, estimant que toute utilisation de ressources au-delà de ce cadre constituait un gaspillage de l'argent public.
« Nous allons chercher à mieux faire les choses. Nous allons voir comment transférer aux États ce qui doit leur revenir. Nous allons aussi explorer les possibilités de partage des coûts avec les États », a-t-il expliqué.
Richardson s'adresse à une équipe dont les effectifs, déjà en baisse, sont visés par des coupes budgétaires similaires à celles imposées à d'autres agences par Donald Trump et le Département de l'Efficacité Gouvernementale, dirigé par Elon Musk.
Environ 2 000 employés de la FEMA ont accepté un départ volontaire ou ont été licenciés depuis le début de l'administration Trump, réduisant d'un tiers les effectifs permanents, selon Michael Coen, ancien chef de cabinet de la FEMA sous Barack Obama et Joe Biden.
Coen prédit que l'intervention de Richardson risque d'accentuer la démoralisation du personnel.
« Je pense que cela va provoquer de nouveaux départs, ce qui ne fera qu'affaiblir davantage la capacité de la FEMA à répondre à la prochaine catastrophe majeure », a-t-il averti.