BAMAKO, 2 octobre (Reuters) - Les autorités maliennes ont libéré mercredi 23 détenus rebelles touaregs dans le cadre de l'accord de Ouagadougou de juin en vue de relancer le processus de réconciliation nationale après le retrait, la semaine dernière, du MNLA de cet arrangement.

Les violences ont repris dans le nord du Mali depuis que les ex-rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad sont revenus sur l'accord prévoyant notamment un cessez-le-feu.

Une attaque à la grenade qui a blessé deux militaires gouvernementaux vendredi à Kidal, bastion touareg situé dans l'extrême nord-est du pays, a été suivie de 48 heures d'accrochages à partir de dimanche.

Le ministre de la Justice, Ali Bathily, a émis l'espoir que la remise en liberté des 23 insurgés touaregs contribuerait à apaiser la situation. Des dizaines de rebelles islamistes et touaregs qui ont conquis en 2012 le nord du Mali ont été arrêtés cette année sur ordre du parquet.

Début janvier 2013, une vaste opération militaire franco-africaine a permis de chasser les rebelles qui menaçaient un moment de marcher sur Bamako et d'organiser durant l'été une élection présidentielle remportée par Ibrahim Boubacar Keïta.

"Nous avons procédé à la libération des prisonniers dans l'espoir de ramener la paix", a déclaré le ministre de la Justice lors d'une cérémonie organisée dans la capitale. "Aucune poursuite pour crimes contre l'humanité ou crimes de guerre ne sera lancée contre eux."

Le gouvernement avait déjà élargi un premier groupe de 32 détenus dans le cadre de l'accord signé dans la capitale burkinabé.

Pour sa part, le chef de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma, qui compte 12.600 hommes), Albert Koenders, a exhorté toutes les parties à revenir à la table de négociation.

"La libération de ce groupe de prisonniers constitue une importante mesure (...) Elle doit être suivie, naturellement, par d'autres mesures visant à rétablir la confiance et à relancer les discussions", a-t-il dit mercredi en invitant les rebelles à déposer les armes.

Mohamed Ag Intallah, chef du clan touareg de Kidal qui a assisté à la cérémonie de Bamako, a de son côté appelé le gouvernement à redoubler d'efforts pour honorer les engagements pris à Ouagadougou.

"Il s'agit d'une mesure forte mais beaucoup reste à faire parce que les prisonniers les plus importants ne sont pas ici", a-t-il prévenu. "J'attends leur libération." (Tiémoko Diallo et Adam Diarra; Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Tangi Salaün)