"Alors que des vents contraires soufflent sur les marchés des changes, l'intérêt croissant que portent les grands gestionnaires de réserves mondiales à l'euro est particulièrement intrigant. Même si cela n'aiguise pas véritablement votre curiosité, demandez-vous si l'euro aurait vraiment pu s'apprécier ces quinze derniers jours sans l'assurance d'un soutien de la Chine et du Japon (au vu de l'indécision de l'Ecofin), sans le soutien croissant de l'Espagne aux Cajas et même sans un retour de la rhétorique hawkish de la BCE la semaine dernière", notait SG Cross Asset Research.

"Les gestionnaires de réserves, détenteurs de milliards de dollars en actifs américains, s'inquiètent de la manière dont les Etats-Unis s'appuient sur le statut du dollar pour se permettre une prodigalité budgétaire et une politique monétaire accommodante. Dans ce contexte, le soutien à l'euro semble être une alternative intéressante. Et ce d'autant plus que les États-Unis ont réussi à déprécier le dollar avec la politique des taux d'intérêt zéro et l'assouplissement quantitatif."

"Qui plus est, la dernière chose que souhaitent les gestionnaires de réserves de la planète ainsi que les nations dont la balance courante est excédentaire, c'est voir l'euro s'effondrer. Pour eux, il serait pire de voir les exportateurs européens devenir plus compétitifs que de voir la valeur de leurs actifs de réserves diminuer. Promouvoir l'euro en temps de crise paraît donc sensé."

"Le yuan n'est peut-être pas un candidat viable à court terme mais nous ne pouvons imaginer que l'euro se substitue au dollar comme monnaie de réserve mondiale tant qu'aucune solution durable n'aura été trouvée pour mettre un terme aux failles du système européen. La mise en place d'une politique budgétaire commune et l'émission collective d'obligations fédérales semblent être les conditions nécessaires à l'amorce d'une discussion."

"Toutefois, cette question restera vivante car tant que les autorités américaines le pourront, elles essayeront de stimuler l'économie en permettant la dépréciation du dollar, en imprimant de plus en plus de billets et en maintenant les taux sur de faibles niveaux. Mais si la politique américaine s'apprête à atténuer la volatilité, stimuler les prix des actifs et affaiblir le dollar, tandis que les gestionnaires des réserves continuent d'apporter leur soutien à l'euro, le dollar subira une pression de tous côtés. Bien que l'EUR/USD puisse tourner, comme la crise la zone euro va et vient, le dollar devrait cette année globalement rester sous pression."

"Pour l'instant, les principaux niveaux de support techniques de l'indice DXY, de l'USD/JPY et la résistance de l'EUR/USD se maintiennent, mais le franchissement à la baisse ne semble être qu'une question de temps."

"Le trading stratégique s'est révélé incroyablement difficile en 2011. La crise européenne de la dette souveraine a refait son apparition, mais la faiblesse du positionnement sur le marché, la vente de l'euro et en particulier l'achat du bloc des devises liées aux matières premières ont laissé la porte ouverte à une correction sauvage."

"La crise européenne souveraine devrait de nouveau faire surface et le risque d'erreurs politiques au sein des marchés émergents a fortement augmenté (voir la Turquie pour se rendre compte de ce à quoi cela peut ressembler sur le marché des changes). Mais d'un point de vue plus stratégique, le soutien des gestionnaires de réserves à l'euro ne fait que s'ajouter à la liste déjà longue des raisons d'être baissier sur le dollar en 2011."