C’est l’impact principal du conflit entre l’Iran et Israël sur les marchés : la hausse des prix du pétrole. Une hausse d’environ 10% depuis le déclenchement des hostilités.
L’Iran produit actuellement 3.3 millions de barils par jour, et en exporte 1.7 millions. Mais au-delà des impacts éventuels sur la production iranienne elle-même, c’est surtout l’exportation du pétrole (et du gaz) produit au Moyen-Orient qui est à risque.
En effet, un tiers des pétroliers passe par le détroit d’Ormuz. En ce qui concerne le gaz, le Qatar, qui produit 20% du GNL au niveau mondial, l’exporte uniquement par ce détroit. Dès lors, les investisseurs craignent que les Iraniens ne puissent bloquer ce passage. C’est en tout cas une menace qu’ils ont eux-mêmes agités de longue date.
Mais ce que nous montre cette nouvelle escalade, c’est que les Iraniens n’en ont pas vraiment les moyens. Et plus globalement, que les capacités militaires du régime sont limitées. Israël a par exemple un contrôle total du ciel iranien, et peut opérer ses bombardements en toute liberté.
Si la fermeture pure et simple du détroit d’Ormuz semble donc peu probable, la République islamique conserve néanmoins une capacité de nuisance. C’est ce que l’on constate ces dernières heures.
Mardi, deux pétroliers sont entrés en collision dans le détroit. Un incident qui survient alors que de nombreux signalements d’interférences électroniques ont été recensés dans la zone ces derniers jours.
Il s’agit d’interférences GPS. Ainsi, de nombreux navires et avions semblent avoir des trajectoires erratiques (virages en cercles parfaits, apparitions sur la terre ferme, superpositions massives sur le même point).
Selon une analyse conduite par le Financial Times sur une plage de deux heures mardi matin, plus de 170 navires auraient été affectés. Un brouillage qui semble provenir du port iranien de Bandar Abbas.
D’ores et déjà, le trafic maritime dans la zone est en recul. Selon des sources du secteur maritime, certaines compagnies suspendent elles-mêmes leurs traversées.
Traversées quotidiennes de navires dans le détroit d’Hormuz. Moyenne mobile sur 7 jours. Source : Bloomberg
Dans leurs scénarios les plus pessimistes, les stratégistes redoutent un retour des prix du pétrole au niveau de 2008 : JPMorgan anticipe un baril à 130 dollars, et ING estime que le record de 150 dollars pourrait être dépassé si les perturbations se prolongent jusqu’à la fin de l’année.
Si nous sommes encore loin de ces niveaux, la remontée des cours n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie mondiale (hormis pour les états très dépendants des revenus pétroliers). En effet, les droits de douane ont déjà conduit à revoir la croissance à la baisse et l’inflation à la hausse dans les grands pays développés. Et la hausse du pétrole pourrait amplifier cette dynamique.