Publiées jeudi, les enquêtes de conjoncture de l'Insee et les enquêtes PMI de l'institut Markit témoignent d'une hausse de la production en avril mais comportent aussi quelques signaux inquiétants comme la baisse des commandes à l'export.

Dans l'industrie manufacturière, l'indicateur du climat des affaires calculé par l'Insee a progressé de quatre points à 97, son meilleur niveau depuis juillet 2008 quand il était à 100 - chiffre qui correspond à sa moyenne de longue période.

L'indicateur de mars a été révisé à 93 au lieu de 94 initialement estimé.

Dans l'enquête de Markit, l'indice PMI manufacturier, dans sa version provisoire, a progressé à 56,7, son meilleur niveau depuis novembre 2006, contre 56,5 en mars, le seuil de 50 marquant la frontière entre expansion et contraction.

L'indice PMI des services a de son côté rebondi à 57,8 contre 53,8 alors qu'il avait baissé les trois mois précédents après un pic de 60,9 en novembre.

L'indicateur correspondant de l'Insee a progressé à 98 contre 92, témoignant là aussi d'un rebond dans le secteur des services après plusieurs mois de flottement.

Markit estime que les données d'avril, si elles sont confirmées en avril et mai, laissent entrevoir une croissance de 0,5% ou 0,6% du produit intérieur brut au deuxième trimestre.

"La reprise est toujours d'actualité en France", a commenté Jack Kennedy, économiste à l'institut d'études.

"Le secteur des services affiche un renforcement appréciable de sa croissance mais l'industrie manufacturière reste le secteur le plus fort".

REFLUX DES COMMANDES À L'EXPORT

L'enquête PMI signale une production toujours élevée et un afflux de commandes nouvelles, dû à une forte demande intérieure.

Les carnets de commandes en provenance de l'étranger ont en revanche ralenti, ce que confirment les données de l'Insee.

Le solde d'opinion sur les carnets de commandes étrangers s'est ainsi affaissé de six points dans l'enquête de l'Insee alors que celui sur les carnets de commandes globaux s'est amélioré de sept points, témoignant d'une demande intérieure robuste.

"L'industrie française profite peu du rebond international, notamment parce que ses principaux clients sont dans la zone euro, qui demeure le parent pauvre de la croissance mondiale", explique Marc Touati, économiste chez Global Equities.

Nicolas Bouzou, chez Asterès, relève toutefois que le recul des carnets de commandes étrangers est circonscrit à l'automobile, témoignant du retrait progressif des dispositifs de prime à la casse un peu partout dans le monde.

Pour l'avenir, les industriels sont globalement prudents, tablant sur une quasi stabilisation de leur production personnelle même si leur opinion sur les perspectives générales du secteur manufacturier s'est fortement améliorée avec un solde de +8 contre -3 en mars, au plus haut depuis août 2007.

"Deux éléments importants vont jouer dans deux sens différents ces prochains mois", analyse Nicolas Bouzou.

"D'un côté la consolidation budgétaire va s'intensifier dans les pays malmenés par les marchés obligataires comme la Grèce, l'Espagne, l'Irlande et potentiellement le Royaume-Uni, ce qui peut être défavorable pour l'activité. D'un autre côté, la chute de l'euro/dollar devrait tirer nos exportations hors zone euro.

"L'un dans l'autre, la progression de la production industrielle devrait rester limitée", conclut l'économiste d'Asterès.

Véronique Tison, édité par Yves Clarisse