par Helen Massy-Beresford

Les ventes de véhicules utilitaires légers sur le continent ont accéléré de 12,4% en mars, après une hausse de 1,6% en février. Il s'agissait alors de leur première augmentation depuis près de deux ans, le secteur ayant été particulièrement affecté par le ralentissement général des échanges économiques.

Après une chute d'un tiers des volumes en 2009, les analystes s'attendent à ce que ce retour de la croissance se confirme tout au long de l'année. Plusieurs opérateurs autoroutiers, comme Vinci ou Eiffage, ont observé eux aussi aux péages un début de redémarrage du trafic de camions.

"C'est une reprise qui reflète le retour de la confiance des entreprises, avec une hausse de leurs dépenses", commente Arndt Ellinghorst, analyste du secteur chez Credit Suisse.

L'indice PMI manufacturier en France a atteint en avril son plus haut niveau depuis juillet 2006 grâce à une accélération de la croissance des nouvelles commandes, des exportations et des achats.

"Le principal bénéficiaire de la reprise sera Mercedes, très présent sur les utilitaires légers", ajoute Arndt Ellinghorst. "Pour les Français PSA Peugeot Citroën et Renault, cette reprise devrait constituer aussi un facteur de stabilisation."

DES MARGES SUPÉRIEURES À LA VOITURE

Les constructeurs ont jusqu'ici tiré leur épingle du jeu grâce à des ventes d'automobiles dopées par les primes à la casse, mais doivent réapprendre à vivre sans des aides appelées à disparaître progressivement.

Par contraste, les utilitaires n'ont pas bénéficié du soutien d'un dispositif semblable. Sur ce segment, où les volumes sont traditionnellement très inférieurs aux véhicules de tourisme, les marges réalisées sur des modèles comme le Citroën Jumpy, l'Opel Movano, le Renault Master ou le Ford Transit, sont en revanche plus confortables.

Ces modèles ayant un cycle de vie plus long qu'une voiture, leur production est davantage amortie, d'autant plus qu'ils sont souvent le fruit de partenariats entre constructeurs. De surcroît, la technologie y est plus simple et la guerre des prix est moins vive puisque le segment compte moins de concurrents.

"La reprise des VU pourrait ne pas suffire à compenser totalement le second semestre qui s'annonce difficile pour les voitures, mais elle pourrait le rendre moins douloureux, surtout pour les leaders PSA, Renault et Fiat", ajoute Max Warburton, analyste chez Bernstein.

Il précise que l'évolution du reste de l'année reste toujours difficile à prévoir, mais estime que 2010 pourrait être marquée par une hausse de 15% en Europe sur ce segment.

Les utilitaires légers ont représenté l'an dernier 12% des ventes totales de Renault et 10% de celles de PSA. Mercedes-Benz a vendu quant à lui 165.576 de ces véhicules, contre 1.094.000 berlines haut de gamme.

L'Acea doit publier le 27 mai les chiffres d'avril des ventes européennes d'utilitaires, qui ont augmenté de 3,8% au premier trimestre. En France, celles-ci ont grimpé de 32,2% en avril, donnant une hausse de 13,6% sur l'ensemble des quatre premiers mois de l'année.

Si la reprise est plus nette sur les utilitaires légers, reflet d'un redémarrage de l'activité des PME et des échanges locaux, une embellie semble aussi se profiler sur le segment des poids-lourds et des véhicules industriels, où les marges sont encore plus intéressantes mais où la chute des volumes a encore été plus catastrophique.

Le numéro deux mondial Volvo a fait état mercredi d'un rebond de 42% de ses livraisons d'une année sur l'autre, avec un bond de 100% vers l'Asie et l'Amérique latine et une hausse de 14% en Europe.

Stefano Chmielewski, président de Renault Trucks, filiale du géant suédois, a déclaré au début du mois observer à son niveau également un lent retour à la normalité.

"Il y a une augmentation tranquille, lente de l'activité. On part sur une hausse de 10% en volume pour le marché en Europe et en France cette année", a-t-il dit.

"Le camion est une machine-outil. Tôt ou tard, il s'use et il faut le remplacer."

Avec Gilles Guillaume, Antonia van de Velde, Christiaan Hetzner, Stephen Jewkes et Jo Winterbottom, édité par Matthieu Protard