Le Sénat américain a adopté jeudi à une écrasante majorité un amendement au projet de loi annuel sur la défense qui interdirait les exportations vers la Chine de pétrole provenant de la réserve stratégique de pétrole (Strategic Petroleum Reserve).

La mesure a été adoptée par 85 voix contre 14, soit plus que les 60 voix nécessaires au Sénat, qui compte 100 membres, pour ajouter l'amendement au National Defense Authorization Act (NDAA), une loi qui définit la politique du ministère de la défense et qui devrait être adoptée dans le courant de l'année.

La volonté d'adopter une ligne dure à l'égard de la Chine est l'un des rares sentiments véritablement bipartisans au sein d'un Congrès américain divisé, et les membres du Congrès ont présenté des dizaines de projets de loi visant à lutter contre la concurrence avec le gouvernement communiste chinois.

L'amendement a été parrainé par les sénateurs Joe Manchin, un démocrate, et Ted Cruz, un républicain, qui affirment que l'interdiction protégerait la sécurité nationale.

La question des ventes de SPR à la Chine a pris de l'ampleur après que le président Joe Biden, un démocrate, a annoncé la vente, l'année dernière, de 180 millions de barils du SPR afin de maîtriser les prix de l'essence qui ont grimpé en raison de la guerre de la Russie en Ukraine.

Cette vente a fait baisser le niveau du SPR à son plus bas niveau depuis 40 ans. Les détracteurs du Congrès estiment que ce niveau réduit la sécurité énergétique des États-Unis, même si le pays produit beaucoup plus de pétrole qu'en 1983, grâce aux progrès de la fracturation hydraulique.

En juillet dernier, lors d'une vente de 39 millions de barils du SPR qui faisait partie de la libération de 180 millions de barils, 1 million de barils est allé à UNIPEC America, une branche de la société chinoise Sinopec basée à Houston. En 2017, sous l'ancien président Donald Trump, une partie du pétrole du SPR a été vendue à PetroChina International, une filiale de la compagnie pétrolière nationale chinoise PetroChina Co Ltd.

Le sénateur Chris Murphy, un démocrate qui s'est opposé à l'interdiction, a déclaré qu'elle "crée l'illusion de résoudre un problème tout en ayant très peu d'impact politique et en faisant probablement plus de mal que de bien".

L'année dernière, les compagnies pétrolières américaines ont vendu plus de 83 millions de barils à la Chine. Cette année, la tendance est à la hausse, les exportations de pétrole vers la Chine s'élevant à plus de 76 millions de barils jusqu'au mois d'avril.

La Chambre des représentants et le Sénat se réuniront ensuite en conférence pour élaborer un projet de loi final qui devra être adopté par les deux chambres et par M. Biden pour devenir une loi.

Benjamin Salisbury, analyste chez Height Capital Markets, a déclaré qu'il était peu probable qu'une interdiction ait "un impact systémique sur le fonctionnement du SPR, qui se fait par le biais d'un appel d'offres concurrentiel sur un marché relativement liquide".