MOSCOU, 25 février (Reuters) - La présidence russe a qualifié d'absurdes les informations du quotidien Novaya Gazeta, qui affirme qu'un projet d'annexion de la Crimée et de l'est de l'Ukraine a été présenté au Kremlin avant la chute du président ukrainien Viktor Ianoukovitch, il y a un an.

D'après le journal, le projet a été porté à la connaissance de l'administration présidentielle entre les 4 et 12 février de l'an dernier, avant que les événements ne s'accélèrent à Kiev, aboutissant le 22 février à la fuite de Ianoukovitch et à sa destitution.

Le président avait déclenché trois mois plus tôt le mouvement de contestation pro-européen fatal à son pouvoir en refusant de signer un accord de commerce et d'association avec l'Union européenne.

Sa chute a été suivie quelques semaines plus tard par un référendum en Crimée, péninsule qui avait été octroyée à l'Ukraine en 1954, où la population a voté pour le rattachement à la Russie, confirmé par un traité d'annexion signé le 18 mars par Vladimir Poutine et promulgué trois jours plus tard, et à une insurrection séparatiste dans l'Est russophone de l'Ukraine, où les combats ont fait depuis plus de 5.600 morts.

A en croire la Novaya Gazeta, le document remis au Kremlin anticipait la chute de Ianoukovitch et un risque de guerre civile. Estimant que l'Union européenne et les Etats-Unis ne s'opposeraient pas à un démantèlement de l'Ukraine, il proposait de créer les conditions pour la tenue de référendums d'autodétermination en Crimée et dans la région du Donbass.

"Il est très important que la 'communauté mondiale' ait le moins de raison possible de douter de la légitimité et de l'honnêteté de ces référendums", stipulait ce texte, dont la véracité n'a pu être confirmée par Reuters et dont la Novaya Gazeta ne précise pas l'origine.

"Il s'agit des absurdités habituelles de ce journal", a réagi mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

La popularité de Poutine en Russie s'est accrue à la suite de l'annexion de la Crimée, mais l'Union européenne et les Etats-Unis n'ont pas reconnu cette modification de frontières et ont imposé des sanctions économiques à la Russie. (Timothy Heritage et Vladimir Soldatkin; Henri-Pierre André pour le service français)